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Légitime violence
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 13 août 2019 10:50
- Écrit par Claude Séné
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Des violences policières, on serait tenté de dire qu’il y en a toujours eu, et qu’il y en aura d’autres, malheureusement. L’interpellation musclée d’un jeune homme soupçonné de trafic de drogue à Saint-Ouen vendredi dernier pourrait donc être considérée comme de la routine, si l’affaire n’avait pas été filmée, à la fois par une caméra de surveillance et par des témoins de l’altercation. La vidéo, qui a circulé sur les réseaux sociaux montre sans ambiguïté possible un policier en civil frapper à coups de poing un homme à terre et un autre en tenue lui asséner un coup de pied à la tête, « pour la route », je suppose.
À première vue, une banale histoire d’usage excessif de la force, comparable au comportement d’Alexandre Benalla le 1er mai 2018. Ce qui est nouveau, c’est la justification avancée par un syndicat de police, reprise par un avocat spécialisé dans la défense des policiers impliqués dans ce genre d’affaires. Selon eux, toute résistance aux forces de l’ordre justifie le recours à une violence supposée légitime. À ce compte-là, le mot même de « bavure » perd tout sens et peut être purement et simplement rayé du vocabulaire. Pourtant, le même jour, dans la même ville, et peut-être par des policiers de la même compagnie, un autre homme a été frappé dans un hall d’immeuble. Admis à l’hôpital, il a refusé de se faire examiner et n’a pas porté plainte. Par contre un des policiers qui l’a tabassé, a évoqué un contrôle d’identité qui aurait mal tourné et a déposé une plainte.
Dans la première affaire, le suspect ou la victime, on ne sait plus comment dire, a été mis en garde à vue, puis relâché sans suite, preuve qu’il n’y avait pas de charges contre lui, hormis le « refus d’obtempérer ». Il a subi 3 jours d’ITT et a porté plainte pour violences. Pour leur défense les policiers font valoir que les délinquants sont de plus en plus violents eux-mêmes, et résistent à leur interpellation et aux contrôles d’identité. N’y aurait-il pas un lien précisément entre l’abus de contrôles « au faciès » dont se plaignent régulièrement les habitants des quartiers défavorisés, ou le comportement de cow-boys des brigades spécialisées, notamment les fameuses BAC, BC, ou autres ? À force de se croire en terrain conquis où tout est permis et avoir un usage exclusif de la force, les policiers ne se mettent-ils pas au même niveau que les délinquants, en brouillant tous les repères ? On oublie ainsi très vite la notion de réponse proportionnée, qui est un des critères de la légitime défense. Force doit rester à la loi, d’accord, mais dans le respect de la dignité humaine.