Petite leçon de billard sommaire

Il existe 3 variétés principales de billard. Le billard américain, qui se joue sur une table pourvue de 6 trous et qui consiste essentiellement à « empocher » les boules numérotées de 1 à 15 en les frappant avec la blanche. Dans la variante la plus pratiquée, les 15 billes sont inscrites dans un triangle équilatéral que le premier joueur doit « casser » en tirant le plus fort possible sur la pointe la plus proche du triangle. Cette phase apparait pour le néophyte comme très brutale et hasardeuse, alors qu’elle nécessite beaucoup d’adresse et de calcul.

Le billard français, lui, apparait comme plus subtil. Le joueur doit toucher successivement la boule rouge et la boule blanche de son adversaire, et il le fait généralement avec délicatesse, ne frôlant les billes qu’avec légèreté, afin de ne pas les éloigner excessivement les unes des autres et poursuivre sa série. Enfin le billard anglais, ou snooker, comporte des poches comme le billard américain, mais comme les Britanniques mettent un point d’honneur à ne rien faire comme les continentaux, il s‘agit non seulement d’empocher les billes dans un ordre défini, mais surtout de compliquer la vie de son adversaire en lui léguant une table injouable quand on ne peut pas réaliser le coup soi-même. Parmi les modes de jeu du billard français figure la carambole appelée également billard à trois bandes puisqu’il faut avoir touché trois côtés de la table avant de terminer le point. Ce qui conduit le joueur à viser à l’opposé de son but réel pour réaliser le coup.

C’est donc à une sorte de carambolage que nous avons assisté ce week-end avec ce que la presse a appelé le « suicide apparent » de Jeffrey Epstein, ce milliardaire américain qui devait être jugé pour des faits d’abus sexuels sur des mineures, parfois très jeunes, retrouvé pendu dans sa cellule de haute sécurité. Les rumeurs de crime maquillé en suicide et les théories du complot se sont répandues immédiatement sur la toile. Le président des États-Unis s’est empressé de relayer un tweet selon lequel la mort de Jeffrey Epstein arrangeait bien l’ancien président démocrate Bill Clinton qui aurait été un proche du pestiféré, et sur lequel il aurait pu faire des révélations. Ce n’est pourtant pas Bill Clinton qui a fait l’éloge du milliardaire en 2002 en le qualifiant de type « génial » qu’il connaissait depuis 15 ans, mais Donald Trump en personne. En feignant de croire que Clinton pourrait être compromis, il exécute un coup de billard lui permettant de ne pas être mis en cause lui-même, espère-t-il. Voilà qui rappelle un célèbre film américain se déroulant dans l’univers du billard, dont le titre français est : « l’arnaqueur ».