Intelligence

« C’était un mec, il nous vendait de l’intelligence, il avait pas un échantillon sur lui ! »  Je ne peux pas m’empêcher de penser à cette phrase de Coluche à propos du doyen de la faculté, quand je lis que Marlène Schiappa serait « sapiosexuelle ». Ce nom pédant signifie simplement qu’elle serait attirée par les hommes intelligents, indépendamment de leur apparence physique. C’est le Journal du Dimanche qui l’affirme, donc « c’est du sérieux » comme le disait Nicolas Sarkozy à propos de Carla Bruni, autre exemple de sapiosexualité. La secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes n’a pas démenti.

Pour illustrer son propos, la journaliste du JDD cite la romancière qui mettait en scène une certaine Morgane, fantasmant sur Alain Juppé, qu’elle considérait comme le mec le plus sexy de France. Si ce n’est pas une preuve, çà ! Si j’étais aussi immodeste que Marlène Schiappa, je dirais que j’ai donc toutes mes chances auprès d’elle, mais au risque de paraître mufle, je devrais décliner l’invitation si elle m’était adressée. Car, je l’avoue, je ne suis attiré ni par l’apparence physique ni par la supposée intelligence que s’attribue la ministre. Car, ne nous y trompons pas, la recherche d’un esprit brillant suppose que l’on se considère soi-même bien au-dessus de la moyenne, pour prétendre séduire un crâne d’œuf par ses seules qualités intellectuelles. Il faudra que Marlène Schiappa, qui surfe sur le féminisme pour masquer son peu de réflexion sur les grands sujets politiques, en fasse beaucoup plus pour me convaincre de la pertinence de ses analyses et de la justesse de ses raisonnements. Pour l’instant, elle se contente de réciter le bréviaire présidentiel et de soutenir mordicus ses collègues ministres, y compris dans leurs pires bévues.

Et moi qui fais mon malin, me direz-vous, en quoi serai-je si remarquable ? Mais en rien ! Je me contente de ce que j’ai et ne prétends point régir le monde. Je fais mienne la maxime de René Descartes qui débute son fameux discours de la méthode par la phrase : « Le bon sens est la chose la mieux partagée, car chacun pense en être si bien pourvu, que même ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. » On ne saurait mieux dire et il y a dans la recherche de son alter ego intellectuel une forme de suffisance ou de naïveté, qui fait douter des capacités de celle ou celui qui la revendique. Quoi de plus ridicule que la déclaration de Gilles Le Gendre, président du groupe LREM de l’Assemblée, s’excusant de ce que le gouvernement avait été trop intelligent !