Stupeur et tremblements
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 20 juillet 2019 10:24
- Écrit par Claude Séné
J’emprunte ce titre à Amélie Nothomb, car il me semble résumer une actualité qui met en scène deux des dirigeants les plus importants de la planète. La stupeur, c’est celle que l’on éprouve, encore et toujours, devant l’incroyable bêtise, le culot monstre et la scandaleuse mauvaise foi du président des États-Unis qui se croit permis d’insulter quatre femmes d’origine étrangère, ses compatriotes, au motif qu’elles sont démocrates et que leur seule existence est un démenti à ses préjugés machistes et misogynes. Quant aux tremblements, ce sont ceux qui affectent Angela Merkel et font craindre pour sa santé.
Les tremblements incoercibles qui ont affecté spectaculairement la chancelière allemande à trois reprises dans les dernières semaines n’ont pas reçu de véritable explication de la part de l’état allemand. La déshydratation invoquée à la première crise en raison d’une chaleur excessive ne peut pas être retenue dans les épisodes suivants, et la dirigeante s’est contentée d’affirmer qu’elle allait mieux et qu’elle était en mesure d’accomplir son travail. La séparation entre vie publique et vie privée étant plus efficace outre-Rhin que dans notre pays, la presse semble se satisfaire de cette explication, alors que le moindre coup de fatigue d’Emmanuel Macron reçoit des tonnes de commentaires et de supputations. Quelle que soit l’origine de ces troubles, Angela Merkel a conservé toute sa pugnacité et l’a démontré en critiquant son homologue américain sur ses propos incroyables à l’égard de ces quatre femmes qui lui font visiblement de l’ombre par leur charisme et leur impact sur l’opinion publique.
Donald Trump, qui se vantait pourtant récemment d’avoir des parents d’origine européenne, reproche à ses adversaires démocrates de critiquer leur pays, alors qu’elles le critiquent, lui, pour ses positions réactionnaires, et leur suggère de « retourner dans leur pays » alors qu’elles sont nées sur le territoire américain et tout aussi légitimes et patriotes que quiconque, y compris le président. Impossible de ne pas y voir une discrimination fondée sur la couleur de la peau ou l’appartenance au genre féminin, dont on sait que Trump le considère uniquement sous l’angle du prédateur vis-à-vis d’une proie, à moins que ce ne soit leur affiliation politique, ou les trois à la fois. Angela Merkel a relevé le gant en attaquant vigoureusement le président américain sur ses tweets jugés racistes en soulignant qu’ils allaient à l’encontre de la grandeur de l’Amérique dont Donald Trump a fait son slogan de campagne. En vue de sa réélection éventuelle, le président sortant a clairement annoncé la couleur. Il tentera de conserver l’électorat le plus raciste, le plus fasciste, le plus xénophobe qui lui a permis d’accéder au pouvoir et ne reculera devant aucun mensonge, aucune attaque en dessous de la ceinture pour y parvenir.