Le huitième commandement
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 16 février 2015 10:40
- Écrit par Claude Séné
La voix du seigneur étant souvent impénétrable, les dix commandements, tels qu’ils sont rapportés dans la bible, ne sont pas d’une clarté absolue, ce qui n’est pas très professionnel de la part du dieu qui les a édictés, à moins qu’il ne s’agisse d’une approximation du traducteur, un certain Moïse. Toujours est-il qu’entre autres broutilles telles que la prohibition du meurtre pour régler les menus différents qui peuvent survenir entre voisins, l’éternel avait glissé en passant l’interdit du faux témoignage pour incriminer ce fameux prochain.
La formule était un peu restrictive, aussi, au fil du temps, l’Église catholique a cru bon d’étendre le champ de cette recommandation, si bien que le catéchisme moderne a résumé tout ça dans la maxime lapidaire : « tu ne mentiras point ». Ma foi, cela ne mangeait pas de pain, jusqu’à ce que la société américaine en fasse l’alpha et l’oméga de la morale personnelle et politique. Le présentateur vedette de la chaine NBC news, Brian Williams, vient d’en faire l’amère expérience. Son crime ? Avoir légèrement enjolivé son expérience pendant la guerre en Irak il y a douze ans en affirmant que l’hélicoptère où il se trouvait avait été touché par des tirs adverses, alors que des vétérans indiquent qu’il s’agissait d’un autre appareil. Si l’on devait virer tous les journalistes qui ont peu ou prou bidonné un reportage, il ne resterait pas grand monde dans les rédactions françaises et étrangères. On se souvient encore de la fausse interview de Fidel Castro par Patrick Poivre d’Arvor, qui n’avait valu à son auteur qu’une légère remontrance.
Mais aux États-Unis, on ne rigole pas avec ce qui est gravé dans le marbre, du moment que ça ne nuit pas aux affaires. C’est le mensonge qui a coûté sa place au président Nixon, plus que les faits sur lesquels il a menti à ses compatriotes. Il a prétendu que les fameux enregistrements réalisés dans le bureau ovale n’existaient pas avant d’en fournir une version expurgée des faits compromettants concernant l’espionnage du parti démocrate dans l’immeuble du Watergate. De la même façon, les Américains n’ont pas pardonné à Bill Clinton de leur avoir caché la vérité sur sa relation avec la stagiaire de la Maison-Blanche, Monica Lewinsky, plus qu’ils n’ont été choqués de l’adultère. En vérité je vous le dis, Brian Williams aurait mieux fait de trucider son père et sa mère, mais en toute franchise.