Saint-Valentin

Nous sommes le 14 février et nul n’est censé ignorer que c’est la Saint-Valentin, une fête dont l’histoire mérite bien un détour. Des Valentins à l’époque de l’Empire romain, ce n’est pas ce qui a manqué : on donnait ce prénom pour attribuer de la valeur à l’individu. Parmi les trois prétendants les plus sérieux à la qualité de « vrai » Valentin, sanctifié pour l’occasion, on retiendra un certain prêtre du 3e siècle qui unissait clandestinement les couples quand l’Empereur Claude II, dit le cruel, avait interdit le mariage qu’il jugeait provoquer trop de réfractaires pour alimenter ses armées.

 

Avant de mourir décapité pour l’ensemble de son œuvre, Valentin aurait rendu la vue à la fille de son geôlier dans les prisons de Rome, d’où sa sanctification. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’Église catholique aura l’idée d’en faire le patron des amoureux, en reprenant, comme souvent, un rite païen, celui des Lupercales en l’honneur de la fécondité, qui était célébré le 15 février. Le saint aura les honneurs du calendrier religieux jusqu’en 1969, date de la réforme qui conduira à ne garder que les saints indispensables à la liturgie.

La célébration de la Saint-Valentin va alors s’étendre à de nombreux pays. Les festivités sont d’abord assez terre à terre. Il s’agit de favoriser les rencontres des jeunes gens célibataires. On affirme que le 14 février est le jour de fécondité maximale pour les oiseaux. L’aspect courtois et romantique apparaitra progressivement, pour prendre la forme qu’on lui connait aujourd’hui. Le rituel s’adapte aussi selon les pays. Au Japon, ce sont les femmes qui offrent des chocolats à leurs Valentins. Une bien belle coutume, ma foi, qui mériterait d’être popularisée chez nous, autant que celle des sushis, revenus à la mode dernièrement.

Le pays qui a le plus massivement investi cette célébration, c’est naturellement les États-Unis qui en ont fait quasiment une fête nationale. 190 millions de cartes de la Saint-Valentin sont échangées et le chiffre d’affaires de cadeaux est le deuxième après celui de Noël. Une avalanche de fleurs et de friandises à vous écœurer définitivement de fêter l’amour sous toutes ses formes. Il faut pourtant leur reconnaitre une qualité : pour les Américains, le 14 février est le Valentine’s day, ce qui est beaucoup plus galant (et réaliste). Je dédie donc cette chronique à ma Valentine, my funny Valentine, qui se reconnaitra.