50 nuances de DSK
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 13 février 2015 10:17
- Écrit par Claude Séné
Le hasard de la programmation a voulu que le film tiré du best-seller à scandale sorte en plein procès du Carlton de Lille. Il semblerait que la sexualité soit moins explicite dans le film « 50 nuances de Grey » que dans les comptes rendus d’audience du procès, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Si la prude Amérique a cru bon d’interdire le film aux mineurs de 17 ans non accompagnés d’un adulte, ce qui est peut-être le comble de la faux-culterie, l’Angleterre s’est bardée d’une interdiction classique aux moins de 18 ans, le Québec aux moins de 16 ans, tandis qu’en France, dès le douzième anniversaire, il est permis d’assister aux jeux érotiques entre adultes consentants.
Il n’en demeure pas moins qu’il faut faire une démarche volontaire pour être ainsi exposé à la description de ce qui a longtemps été catalogué comme perversion ou déviance sexuelle. Il faut dire que depuis le Marquis de Sade et Léopold Von Sacher-Masoch, la société a quelque peu évolué et l’on ne s’effarouche pas si facilement, d’autant que les pratiques évoquées ont largement été édulcorées. Par contre, il convient d’être vigilant si l’on veut regarder en famille les reportages sur le procès en proxénétisme qui ressemble beaucoup à un procès en sorcellerie, dans les étranges lucarnes de la télévision. Entre la poire et le fromage, il risque fort d’être question de fellations ou de sodomie, dont l’évocation semble le plat de résistance du procès intenté à DSK en compagnie de 13 autres prévenus. Faute de pouvoir établir formellement que DSK connaissait la « qualité » de prostituées des jeunes femmes chargées « d’égayer » certains dîners, l’accusation s’efforce de convaincre que les pratiques sexuelles de l’ancien directeur du FMI ne pouvaient s’accepter que moyennant finances. Aucun détail ne nous sera donc épargné, avec le risque, souligné par le prévenu, que l’on juge sa sexualité et non l’accusation de proxénétisme. Il y a là plus qu’une nuance. Il est certain que DSK ne peut pas en sortir grandi d’un point de vue moral, mais il est probable que le tribunal ne retienne pas de charges contre lui.
Reste le film, qu’on peut éviter de voir, comme on pouvait déjà se dispenser de lire le livre, où il n’y a pas de quoi fouetter un chat, si l’on ose dire, et qui ne laissera pas un souvenir inoubliable aux cinéphiles.