Herboristerie

Il vous aura peut-être échappé une information selon laquelle l’état américain du Colorado se trouvait confronté à un dilemme inédit. Depuis qu’il a légalisé le cannabis et organisé sa vente, les recettes liées à cette activité ont explosé, au point de constituer une cagnotte relativement conséquente. D’une part, l’état prélève une taxe de 30 % sur le prix de vente, d’autre part, la demande en provenance des autres états, moins libéraux, ne cesse de croître. C’est ainsi que des « étrangers » viennent faire du tourisme d’un genre particulier à Denver, comme certains Européens dans les coffee shops hollandais.

 

Le bénéfice de cette activité lucrative se monterait entre 60 et 100 millions de dollars, utilisés pour les écoles, ce qui dépasserait le plafond de recettes fiscales prévu par la constitution locale et pourrait obliger l’état à rembourser 7 dollars à chaque habitant du Colorado. Pendant ce temps-là, des élus écologistes proposaient au Sénat une énième proposition pour dépénaliser le cannabis en France, sans se faire d’illusions sur le résultat. José Bové imagine déjà la possibilité de renflouer la Grèce par l’autorisation dans toute l’Europe d’un usage contrôlé du cannabis. C’est un peu excessif, mais les sommes mises en jeu sont considérables.

Tellement attractives qu’elles incitent toujours les particuliers à se lancer dans un commerce négligé par la collectivité. C’est ainsi qu’une petite entreprise locale a été découverte dernièrement à Malville, paisible commune servant de cité dortoir à une trentaine de kilomètres de Nantes. Les deux jeunes qui l’avaient lancée avec un remarquable esprit d’initiative ont eu le tort d’être précurseurs. Ils avaient vu les choses en grand : 4500 pieds sur une surface de 350 m², soit une capacité de production de 50 tonnes, le tout agrémenté de tout le confort moderne en matière de chaleur, humidité, lumière et ventilation, un investissement estimé à 100 000 euros, dont le retour devait rapidement amortir le coût. Un petit commerce qui a semble-t-il échappé au journal de 13 heures de Jean-Pierre Pernaud sur TF1.

Certains esprits chagrins s’opposent à la légalisation sous prétexte que ce ne serait pas le rôle de l’état de se transformer en dealer. Curieusement, ils ne semblent pas choqués que ce même état prélève une dîme de plus en plus importante sur les ventes de tabac et d’alcool. Ah, oui ! Il ne le fait que pour en dissuader l’usage. Ben voyons.