L’habit fait le président

Après la conférence de presse de François Hollande, la plupart des médias sont tombés d’accord pour dire qu’il avait enfin endossé son costume de président. Le fameux costume dont on disait qu’il était trop grand pour Sarkozy et qui nécessitait visiblement quelques retouches pour s’adapter aux mensurations de son nouveau propriétaire. Si quelques enseignes se sont fait une spécialité d’ajuster les vêtements en 24 ou 48 heures, il aura fallu deux ans et demi au tailleur présidentiel pour enfin livrer un costume parfaitement aux mesures de son possesseur.

 

Et ce n’est pas seulement une métaphore. La cravate du président était parfaitement droite, au centre du costume, contrairement à ses habitudes, qui la voyaient régulièrement pencher sur un côté, et, m’a-t-il semblé, ses manchettes étaient exceptionnellement de longueurs égales, pour autant que l’on puisse en juger derrière un pupitre. Soi-dit en passant, les plans de profil démontraient que Hollande ne jugeait pas nécessaire, contrairement à son prédécesseur, de se jucher sur un marchepied avec des chaussures à talonnettes pour faire oublier sa taille modeste.

Le fond du discours ne nous a guère appris que nous ne sachions déjà. Le président, et c’est de bonne guerre, surfe sur « l’esprit du 11 janvier », en passe de remplacer celui de la Pentecôte. On ne sait pas combien de temps cela durera, mais il lui garantit une sorte de sauf-conduit qui lui permet actuellement de passer entre les gouttes, au propre comme au figuré, lui qui déchaînait les éléments dès qu’il mettait le nez dehors au début de son quinquennat. Reprenant la recette qui lui avait bien réussi avec le Mali, il met l’accent sur la politique étrangère en proposant ses bons offices dans le conflit ukrainien, ce qui lui permet au passage d’afficher une entente de façade avec Angela Merkel. Tout serait parfait dans le meilleur des mondes possibles et par les temps qui courent, s’il ne restait un problème qui résiste obstinément, celui du chômage, symbolisé par cette mouche importune qui s’est posée en plein milieu du front présidentiel et de la conférence. Une mouche que François Hollande s’est efforcé de chasser sans esquisser un geste pour ne pas attirer encore plus l’attention sur ce souci récurrent. De quoi vous donner le bourdon !