Le type qui devait être président

Cette semaine s’est ouvert à Lille le procès médiatisé sous le nom de l’hôtel Carlton où les faits se sont déroulés. Parmi les accusés figure un certain Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur du Fonds Monétaire International, qui était le grandissime favori pour les élections présidentielles de 2012, avant d’être abattu en plein vol comme un lapin, aurait dit Thierry Rolland, du fait d’une autre affaire judiciaire, celle d’un autre hôtel, le Sofitel de New York. Curieusement, 79 % des Français jugent qu’il aurait été un meilleur président que l’actuel locataire de l’Élysée, malgré ces casseroles à répétition.

 

Il a beaucoup été question de complot quand DSK a été arrêté aux États-Unis suite à la plainte de Nafissatou Diallo. Il apparait aujourd’hui que s’il y a eu coup monté, ce n’était pas à New York, mais à Lille. DSK était à l’époque sous écoutes judiciaires, ce qui implique l’information du président Sarkozy et de son premier ministre, François Fillon. Ont-ils demandé ces écoutes ? On ne peut pas l’affirmer, mais on ne peut pas l’exclure. Selon cette hypothèse, les écoutes auraient permis de faire éclater l’affaire dans les médias juste après les primaires socialistes qui semblaient promises au directeur du FMI, de façon à discréditer le candidat et lui ôter toute chance de gagner l’élection. L’affaire de la suite 2806 du Sofitel serait venue fortuitement télescoper ce scénario idéal pour le président candidat Sarkozy.

Il n’est pas certain que le procès éclaircira les zones d’ombre de cette affaire. Une chose semble avérée, c’est le comportement de DSK, dont on peut dire au minimum qu’il était extrêmement risqué, si l’on veut, par principe, lui accorder le bénéfice du doute. Il se savait l’objet d’enquêtes constantes, il avait promis à ses proches « de se calmer » et malgré tout cela il s’est exposé à des situations extrêmement scabreuses, en étant très modéré, inadmissibles si l’on est plus sévère ou plus objectif. Il y a un autre homme politique qui se présentait comme étant celui qui devait être président, c’est Al Gore, candidat malheureux en 2000. Mais lui, il a été spolié de sa victoire par des tripatouillages du camp de son adversaire, Georges W. Bush, en particulier en Floride, tandis que DSK s’est mis en difficulté tout seul. Je ne vois pas d’explication plus satisfaisante que celle de la névrose d’échec, qui pousserait un homme promis aux plus grandes réussites à détruire toutes ses chances pour satisfaire ses pulsions.