« On » nous manipule
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 31 janvier 2015 10:42
- Écrit par Claude Séné
Autrefois, les gens disaient : « c’est vrai, je l’ai lu dans le journal ». De nos jours et pour les jeunes générations, c’est devenu l’inverse. Les informations « officielles » sont mises systématiquement en doute au profit des théories les plus fumeuses colportées sur les réseaux sociaux et relayées par internet. Au point que des rumeurs fantaisistes qui circulent sur la toile sont promues au rang de vérités révélées et deviennent la preuve vivante du manque d’objectivité des médias qui ne les répètent pas. L’argument est imparable. La meilleure preuve qu’il existe un complot international qui nous cache la vérité, c’est que tout le monde dit qu’il n’existe pas.
Les rumeurs ont circulé de tout temps. Les moyens de communication modernes en ont démultiplié les effets en accélérant leur diffusion. Des fantaisistes ont affirmé que les images d’Armstrong sur la lune avaient été tournées en studio. D’autres ont « démontré » que les attentats du 11 septembre 2001 avaient été bidonnés et fabriqués de toutes pièces pour discréditer Al-Qaïda (déjà !) C’est dans ce contexte qu’il faut interpréter les réactions surréalistes de certains adolescents qui sont persuadés que les assassinats de Charlie Hebdo et du magasin casher n’ont jamais existé. Pour eux, tout se résume à une question de croyance. Ils préfèrent croire une ou des personnes en qui ils ont confiance, même si aucune preuve sérieuse de la réalité de leurs affirmations ne leur est apportée, plutôt que les argumentations étayées reprises par tous les médias. Ils appliquent à la rumeur le même traitement que l’information : tout le monde (ou beaucoup de gens) y croit, donc c’est vrai.
Le scepticisme et la mise en doute systématique des idées reçues peuvent être un réflexe salutaire. J’ai reçu des leçons de vie d’un professeur de philosophie qui nous disait souvent : « et si ce n’était pas vrai ? ». Le problème vient ici du fait que le doute ne s’applique pas à tout de façon équitable, et notamment à ce qui est inspiré par la religion. Si l’on ne doit pas croire les médias, pourquoi devrait-on croire à une théorie du complot universel ? Cette forme d’esprit, assez proche de la paranoïa, est la porte d’entrée vers un fanatisme ou un sectarisme dans lequel peuvent se précipiter des caractères un peu fragiles.