Les coriaces
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 11 janvier 2019 11:19
- Écrit par Claude Séné
J’ai été frappé, c’est le cas de le dire, par le parallélisme entre l’attitude du gilet jaune, ancien boxeur professionnel, sur la passerelle parisienne samedi dernier, et celle du commandant de police le même jour à Toulon. Chacun des deux sait visiblement se servir de ses poings comme d’une arme et témoigne d’un entraînement poussé et régulier. Autant la boxe, considérée comme un sport, peut à la rigueur être qualifiée de « noble art », lorsqu’elle consiste principalement, comme dans sa version amateur, à un échange qui s’apparente à l’escrime, autant la version que nous a donnée à voir la télévision se réfère davantage au combat de rue avec pour seul objectif de faire mal à l’adversaire.
Dans un cas comme dans l’autre, les coups étaient portés pour blesser et sans la moindre retenue, apparemment sous l’effet de la colère, ce qui est loin d’être une circonstance atténuante en l’espèce, notamment pour le policier, supposé garder son calme en toutes circonstances. Si cet homme avait perdu encore plus ses nerfs, qui sait s’il n’aurait pas fait usage de son arme de service, comme ce motard qui la semaine précédente était allé jusqu’à dégainer avant de se raviser. D’autant plus qu’il y serait encouragé par des irresponsables comme l’ancien ministre Luc Ferry, qui considère que « les forces de l’ordre devraient se servir de leurs armes une bonne fois ». Il aura beau essayer de se rattraper en précisant qu’il voulait parler des armes non létales, il aggrave son cas en souhaitant l’intervention de l’armée. Avec des boutefeux de son espèce, il n’est pas étonnant que l’on en arrive à s’écharper sur des questions de cagnotte, chacun la sienne, une pour le boxeur, une autre pour les policiers, qui alimentent la polémique.
Devant une situation aussi bloquée, je serais tenté de suggérer le recours à une solution inspirée de l’antiquité. La ville de Rome et celle d’Albe-la-Longue étaient enlisées dans un conflit interminable et coûteux. Elles décidèrent de désigner trois champions pour les représenter et leur confier le sort de la guerre. C’est ainsi que les trois Horaces furent opposés aux trois Curiaces et finirent par l’emporter non sans une certaine traitrise. Alors je propose d’organiser un combat singulier entre le boxeur et le policier pour régler une fois pour toutes le différend en évitant ainsi qu’il y ait un ou plusieurs morts, comme l’évolution du conflit semble devoir l’amener inexorablement. Reste à se mettre d’accord sur les modalités, et point le plus important, sur l’engagement de respecter le résultat du duel, quel qu’il soit. Et là, j’avoue que ce n’est pas gagné.