Le monde de Poule rousse.

J’ai plaisir à rappeler cette histoire que j’ai si souvent racontée à mes enfants, au point que l’une d’entre elles l’a transmise à sa fille qui en a fait son pseudo sur Internet.

Poule rousse a pour obligation de nourrir ses poussins et pour cela, du matin au soir, doit travailler… Elle commence par trouver des grains de blé et demande aux autres habitants de la basse-cour qui pourrait l’aider à aller jusqu’au moulin ? Pas moi, dit le dindon, ni moi, dit le canard, ce sera donc moi, dit la petite poule rousse.

Une fois au moulin, quand le meunier a fait la farine, Poule rousse demande qui portera le sac ? pas moi, dit le canard, ni moi, dit le dindon, ce sera donc moi, dit la petite poule rousse.

Revenue à la ferme, qui va préparer la galette ? Pas moi, dit le canard, ni moi, dit le dindon, ce sera donc moi, dit la petite poule rousse. Et cela continue jusqu’à la question qui se pose une fois la galette cuite, qui la mangera ? Moi, dit le dindon, moi, dit le canard, non, ce sera moi et mes poussins répond Poule rousse.

Que devient mon histoire dans le vrai monde ?

Poule rousse doit aller pointer à l’usine, et demande : qui va se lever à sept heures du matin, et laisser ses enfants se débrouiller tous seuls avant l’école ? Pas moi, dit le patron, ni moi, dit l’actionnaire, ce sera donc moi, dit Poule rousse.

Qui va devoir faire une heure de trajet en métro, en bus, en voiture ou en vélo pour se rendre à son travail ? Pas moi, dit le patron, ni moi, dit l’actionnaire, ce sera donc moi, dit Poule rousse.

Qui va rentrer le soir fatiguée, harassée après avoir subi souvent rebuffade ou humiliation, retrouver ses enfants qu’elle va aider du mieux qu’elle peut à faire leurs devoirs, préparer le repas et ranger la maison ? Pas moi, dit le patron, ni moi, dit l’actionnaire, ce sera donc moi, dit Poule rousse.

Qui ne partira jamais en vacances sur les bords de la grande bleue ? Pas moi, dit le patron, ni moi, dit l’actionnaire, ce sera donc moi, dit Poule rousse.

Je vous la fais courte jusqu’à la fin du mois, qui va toucher un salaire de misère ? Pas moi, dit le patron, ni moi, dit l’actionnaire, ce sera donc moi, dit Poule rousse.

Quand la fin de l’année arrive, contredisant la morale de mon conte, qui touche les gros dividendes et les belles primes ? Moi, dit le patron, moi, dit l’actionnaire.

Et que reste-t-il à Poule rousse qui voit sa galette aller à ceux qui n’ont fait que profiter d’elle, ignorant superbement qu’elle ne peut plus assurer le bien-être de ses enfants ?

Elle enfile son gilet jaune, elle va sur les ronds-points, défendre bec et ongles son droit à une vie décente et réclamant le droit à un partage équitable de toutes les richesses qu’elle participe à créer !

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Claude 30-12-2018 10:07
Petites poules rousses de tous les pays, unissez-vous!
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