Activisme

Le maitre mot après les attentats terroristes de Paris semble être devenu « agir ». Le pouvoir tout entier est tourné vers une obsession : ne pas donner l’impression de subir la situation sans réagir. Des mesures ont été décidées dans tous les ministères concernés de près ou de loin, certaines à juste titre, d’autres beaucoup moins. L’opposition joue la surenchère en demandant toujours plus, ce qui n’arrange rien.

 

Prenons l’exemple de la déchéance de la nationalité française, une mesure envisagée qui existe déjà puisque le Conseil constitutionnel vient de valider celle d’un djihadiste franco-marocain, prononcée en mai dernier. Sachant que des conditions très restrictives sont exigées pour son application, en particulier posséder une deuxième nationalité pour ne pas se retrouver apatride, l’impact de cette disposition ne peut être que très symbolique et sa force de dissuasion proche du néant.

Sur le plan du renseignement et de la police, la tentation du tout sécuritaire est forte. L’extension des écoutes téléphoniques et la restriction des libertés individuelles ne feraient qu’officialiser des pratiques qui existent déjà comme l’a prouvé la malheureuse affaire de Tarnac avec la soi-disant cellule de pseudo-terroristes.

Le renforcement de la présence d’aumôniers musulmans dans les prisons n’est pas une mauvaise chose en soi, mais on peut douter de l’effet immédiat sur la radicalisation ou non des détenus concernés. Il faudrait une réforme pénale de plus grande ampleur et cesser d’entretenir la promiscuité entre petits délinquants et dangereux criminels.

Que dire enfin des mesures envisagées dans l’éducation ? On fait, comme d’habitude, peser la responsabilité de toutes les difficultés sur l’école et on la charge d’y apporter les solutions. La ministre, dont je ne doute pas de la bonne volonté et du désir de bien faire, a décidé de restaurer l’autorité en prenant des sanctions contre tout manquement à la morale républicaine. Si l’autorité n’est pas préexistante à la sanction, l’effet que l’on peut en attendre sera nul. De la même façon, je suis sidéré qu’il faille envoyer 1000 formateurs pour répandre la bonne parole laïque et expliquer aux enseignants comment l’inculquer aux élèves. Je crois reconnaitre dans ce programme de vieilles recettes ressemblant beaucoup à celles de Jean-Pierre Chevènement pendant son passage au ministère de l’Éducation, et qui n’ont pas laissé un souvenir impérissable ni fait la preuve de leur efficacité. Le souci, c’est que le vrai problème de l’échec scolaire n’est pas vraiment traité et que l’on relègue au second plan la question brûlante des ZEP.