Rétropédalage

À l’origine, un simple fait divers. Le maire divers droite de Champlan, une commune de l’Essonne, qui refuse l’inhumation d’un bébé rom décédé à 2 mois et demi de la mort subite du nourrisson, en arguant du fait que par manque de place, il réserve la priorité aux familles qui paient des impôts locaux sur la commune. Et puis la machine médiatique s’emballe, à juste raison pour une fois. Les prises de position se multiplient. Le maire UMP de Wissous, une commune voisine, accepte de fournir la sépulture sans que rien l’y oblige.

 

Un véritable tollé se fait jour, jusqu’au premier ministre et au défenseur des droits qui s’indignent publiquement de cette décision. Et alors, miraculeusement, Mr Leclerc, le maire fautif, prend brusquement conscience de son erreur et s’empresse d’essayer de la faire retomber sur n’importe qui, pourvu que cela l’exonère de ses responsabilités. Le pauvre garçon est un incompris, victime d’une erreur administrative de ses services, qui doivent être bien mal organisés pour présenter de tels dysfonctionnements. Le ou la lampiste de service serait, une personne « qui n’était pas habituée » à ce type de dossier a-t-il plaidé, sans convaincre. Quant aux déclarations faites au Parisien, « elles ont été sorties de leur contexte », l’excuse classique de ceux qui regrettent de ne pas avoir réfléchi avant de parler. Jusqu’à Nathalie Kosciuszko Morizet qui l’a lâché dans un tweet assassin alors qu’elle lui avait remis la Légion d’honneur en 2012 pour son action en faveur de l’environnement, ce qui prouve une nouvelle fois que l’on peut être plus compatissant pour la nature que pour les êtres humains.

Et pourtant Mr Leclerc est un maire bien sous tous rapports pour ses administrés. Il a été réélu au premier tour en 2014 avec près des trois quarts des suffrages. Il préside une association écologiste et accorde une place importante à l’environnement dans son programme municipal. On lui aurait donné le Bon Dieu sans confession et peut-être aurait-il pu bénéficier du doute s’il n’avait tant tardé à faire amende honorable et à renier une décision plus que malencontreuse. Le refus a été notifié aux Pompes funèbres le mercredi matin, sans justification particulière, et ce n’est que dimanche que le maire a désavoué cette erreur en niant l’avoir commise, après que la presse ait révélé l’histoire. Il pourra se vanter d’avoir réuni l’unanimité des acteurs et des commentateurs politiques, mais malheureusement, contre lui.