Faits d’hiver
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 29 décembre 2014 10:25
- Écrit par Claude Séné
Si vous avez allumé votre téléviseur hier, vous avez pu vous croire revenu aux plus mauvais jours de l’existence de l’humanité. Musique de fond funèbre, mines compassées des correspondants, ton de circonstance pour annoncer les pires nouvelles, vocabulaire catastrophiste, rien ne manquait pour accentuer le caractère dramatique des informations.
Alors que l’on s’attendait à l’annonce d’un deuil national, on entendait enfin la raison de cette mobilisation inhabituelle des antennes de radiotélévision : l’hiver est arrivé, presque pile-poil à l’heure avec seulement quelques jours de retard sur la date officielle. Alors, évidemment, les vacanciers imprévoyants qui ne s’étaient pas munis d’équipements spéciaux, ou qui, comme moi, sont incapables d’ajuster des chaines sur leurs roues de voiture sans un entrainement approfondi avec un moniteur, ont subi un sort peu enviable en étant bloqués sur des routes enneigées, entrainant dans leur galère les autres automobilistes. Je reconnais que la situation est inconfortable, mais de là à les comparer à des boat people, ou aux véritables naufragés qui traversent la Méditerranée sur des radeaux de fortune pour échapper à leur misère ou aux persécutions, il me semble qu’il y a un pas qui est franchi un peu trop rapidement.
Les familles bloquées ont trouvé refuge dans des équipements sommaires, mais le pire qu’elles ont dû subir a été d’amputer légèrement leurs vacances. Si l’on pense à tous ceux qui n’ont pas les moyens de financer un séjour à la neige, sans parler de ceux qui subissent la précarité toute l’année, on peut, et l’on doit relativiser cet inconvénient. Les Français découvrent avec étonnement tous les ans qu’il fait froid l’hiver et chaud l’été, encouragés en cela par des médias qui hiérarchisent l’information de curieuse façon. De la même façon, on est surpris des bouchons, pourtant annoncés par Bison futé à chaque migration saisonnière. Il faut reconnaitre cependant que cet évènement qui faisait la une de tous les journaux et l’ouverture de tous les JT n’a pas résisté à l’épreuve du temps plus de 24 heures et que nous sommes allègrement passés à autre chose, ce qui prouve bien l’importance toute relative de ce scoop.
Décidément, même en hiver, les marronniers tardent à perdre leurs feuilles.