L’esprit de Noël
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 26 décembre 2014 09:44
- Écrit par Claude Séné
« Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » qu’ils disaient. « Aimez-vous les uns les autres » qu’ils disaient. Paroles, paroles ! Si l’esprit de Noël a soufflé sur quelques villes où des bénévoles ont sillonné les rues pour tenter d’apporter aux exclus un peu de réconfort en même temps qu’un repas chaud, il a été singulièrement absent de la ville d’Angoulême, où la nouvelle municipalité UMP a décidé de grillager les bancs du centre-ville, beaucoup trop accueillants à son goût pour les sans-abris et les SDF.
Une autre solution si l’on voulait cacher la misère à défaut de l’éradiquer, aurait été de proposer un hébergement même provisoire pour offrir une solution à ceux qui sont contraints de vivre dans la rue faute de moyens suffisants. Même la collègue de Mr Bonnefond , maire de Calais, pourtant du même parti politique, a jugé bon de promouvoir l’édification d’un centre d’hébergement pour les migrants, une façon il est vrai de déplacer le problème, mais elle l’a fait, au lieu de prendre des mesures à la fois inhumaines et hypocrites comme à Angoulême. La ville vient ainsi d’ajouter un nouveau motif à sa notoriété, mais il sera nettement moins valorisant que le festival de BD ou celui des films francophones qui s’y déroulent chaque année. Cette initiative, pour spectaculaire qu’elle soit, est loin d’être une première. On voit de plus en plus des recoins hérissés de piques pour dissuader les clochards de s’y installer pour la nuit, et tout le mobilier urbain, comme l’on dit, est conçu pour éviter précisément de servir de mobilier à ceux qui n’en possèdent pas d’autre.
Cette mesure indigne fait suite à la circulaire scandaleuse adressée aux locataires des HLM de Saint-Ouen pour les menacer d’expulsion s’ils s’avisaient de se montrer simplement humains avec les SDF qui pourraient être tentés de s’abriter dans les halls de leurs immeubles ou s’il leur venait l'idée de leur donner de la nourriture et des couvertures. Triste société que celle où l’on ne se contente plus de détourner le regard de ceux qu’elle a laissés sur le bord de la route, où l’on persiste à ne pas vouloir sérieusement secourir ceux qui en ont le plus besoin, mais où l’on voudrait de surcroit sanctionner ceux qui essaient de faire quelque chose.