L’incurie selon François
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 24 décembre 2014 10:56
- Écrit par Claude Séné
Des papes, l’église en a connu, et de tous poils. Le siège de Pierre a été occupé parfois par de drôles d’apôtres, comme César Borgia, et même par une femme, la papesse Jeanne selon une légende tenace qui a amené l’église à effectuer une vérification de la virilité papale après l’élection. Mais ce serait la première fois que nous verrions l’église catholique, apostolique et romaine dirigée par un pape anticlérical.
Il a établi un véritable réquisitoire du gouvernement de l’église, la Curie, en dressant un catalogue des maladies qui guettent cette vénérable institution chargée d’expédier les affaires courantes. Il y en aurait pas moins de 15 dont je vous épargnerai la liste exhaustive pour ne retenir que les plus imagées. Le pape François compare certaines de ces affections à des fléaux extrêmement graves en invoquant « l’Alzheimer spirituel » ou « la schizophrénie existentielle », sans oublier « le terrorisme des ragots » qui feraient des ravages au sein de la Curie. À côté de cela, des maladies vénielles sont mises sur le même pied, comme trop travailler ou trop planifier. Cela me fait penser au principe de la confession où l’on doit avouer aussi bien les crimes les plus abominables que les péchés les plus anodins, les uns et les autres pouvant être absous moyennant des regrets sincères et une pénitence adaptée.
Pour l’instant, l’absolution n’est pas à l’ordre du jour et l’entreprise de rénovation du pape, qui a commencé dès son élection, soulève autant de résistance à l’intérieur de la hiérarchie qu’elle provoque d’adhésion du côté des croyants, séduits par la simplicité et le charisme du bonhomme. Selon les spécialistes, le pape a entamé une course contre la montre. Il nomme des évêques proches de ses idées, mais à un rythme nécessairement assez lent. Il lui faudra beaucoup de temps pour assoir une majorité plus progressiste et favorable à ses conceptions. Et le temps, c’est ce qui lui manque le plus. Il a 78 ans, sa santé est fragile et il a prévenu dès son élection que son pontificat serait court. Peut-être sera-t-il limité par la résistance physique, peut-être, à l’instar de son prédécesseur envisage-t-il de démissionner, ou peut-être sera-t-il le premier pape à être renversé par une révolution de palais, s’il bouscule par trop les institutions qui l’ont placé à leur tête ? En attendant, il s’est attelé à un travail d’Hercule en se mettant à vouloir nettoyer la Curie d’Augias.