Passe encore de bâtir
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 23 décembre 2014 11:02
- Écrit par Claude Séné
À l’instar des trois jouvenceaux de la fable du sieur de la Fontaine, il est permis de s’interroger sur la longévité du tout nouveau président tunisien, élu à l’âge de 88 ans, pour un mandat de 5 ans. Si Allah lui prête vie, il en aura donc 93 à l’issue d’un quinquennat dont on espère qu’il lui épargnera les ennuis de santé dont son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, est coutumier, alors qu’il n’a « que » 77 ans.
« Mais planter, à son âge », n’est-ce pas un peu hasardeux ? Béji Caïd Essebsi a pourtant été élu avec une confortable avance. Sa coalition, Nidaa Tounes, avait déjà remporté les législatives et l’élection de BCE est donc une confirmation de la défaite des islamistes d’Ennahdha. Ce qui ne signifie pas une laïcisation de l’état. Pour être candidat, il est nécessaire d’être de confession musulmane. La constitution a même prévu le cas où un candidat décèderait entre les deux tours, ce dont on ne peut que se féliciter puisqu’aucun âge limite n’est prévu pour se présenter.
Pour ces premières élections démocratiques d’un président au suffrage universel, pas moins de 27 candidats, dont une seule femme, se sont présentés alors que 42 autres étaient éliminés ou renonçaient à leur candidature. Si le score de BCE (55 %-45 %) est sans appel, il doit être nuancé par une abstention importante (40 %) et le fait qu’une large proportion de Tunisiens en âge de voter ne soit pas inscrite sur les listes électorales.
Le succès de BCE est dû à la notoriété qu’il a pu acquérir, et depuis longtemps, puisqu’il a été ministre de Bourguiba et président de la chambre des députés sous le régime de Ben Ali. C’est en même temps son point faible. Difficile d’incarner le renouveau quand on a été à ce point impliqué dans l’ancien régime. C’est pourtant lui qui devra porter le projet de faire entrer la Tunisie dans la modernité et garantir l’impossibilité d’un retour vers le passé récent d’un régime autocratique. On ne peut que lui souhaiter longue vie, dans l’intérêt même des Tunisiens.