Au plus offrant

S’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, alors Fatima Allaoui doit être très intelligente. Elle a été élue en 2012 au Conseil régional du Languedoc Roussillon et fait partie du conseil municipal de Béziers sous les couleurs de l’UMP. À cette époque, elle est farouchement opposée au Front national et combattra fermement son allié, devenu maire de Béziers ensuite, Robert Ménard. Elle est proche de Nathalie Kosciusko-Morizet, dont elle coordonne le mouvement, la France droite, pour sa région. Elle sera même nommée Secrétaire nationale de l’UMP sur proposition de NKM.

 

Tout va bien jusqu’au refus de l’UMP de lui accorder l’investiture pour les élections départementales prochaines dans un canton facile à gagner. Fatima Allaoui découvre subitement que ses origines servent d’alibi et que son parti veut la « cantonner » dans un secteur fortement peuplé de Maghrébins, faisant preuve ainsi de « communautarisme ». Elle décide alors de rejoindre le SIEL, Souveraineté, indépendance et liberté, un groupuscule d’extrême droite qui s’est récemment rapproché du Front national. Elle essaye même de se faire adouber par son adversaire d’hier, Robert Ménard, dont elle se sent brusquement très proche. Finalement démise de ses fonctions à l’UMP, elle va franchir le Rubicon en adhérant au parti de Marine Le Pen. Et pourtant, en 2013, elle avait fait le coup de poing avec une militante du FN sur un parking pour une sombre histoire de tracts enlevés des parebrises.

Pour expliquer ses changements de pied, Fatima Allaoui explique qu’elle a bien le droit de changer d’avis. Certes. On comprend surtout que ses « convictions » passent largement après ses intérêts personnels et qu’elle est prête à saisir toutes les opportunités qui se présenteront. Elle affirme avoir réalisé que les intérêts des habitants de la région seraient mieux représentés par le parti qu’elle combattait il y a peu. Cette conversion tardive se fait sur le dos des électeurs qui n’ont certainement pas souhaité apporter leurs suffrages au FN sans en être avisés. La seule attitude convenable pour une élue en désaccord avec son parti aurait été de démissionner de son mandat et de le remettre en jeu pour que le suffrage universel tranche à nouveau. Cela en dit long également sur la porosité entre la droite et l’extrême droite puisqu’on peut passer de l’une à l’autre sans se trouver outre mesure dépaysé.