Obama, enfin !

Le prix Nobel de la paix avait été attribué à Barack Obama en 2009, l’année même de sa prise de fonctions, de manière quelque peu prématurée, plus pour ce que l’on espérait qu’il allait faire, que pour ce qu’il avait déjà accompli. Et depuis, il faut bien le reconnaitre, nous restions un peu sur notre faim, de même que beaucoup d’Américains, y compris parmi ceux qui avaient voté pour lui. Le système américain est ainsi fait que les quatre années de premier mandat présidentiel sont largement consacrées à la préparation de la réélection souhaitée, et le président s’applique surtout à mécontenter le moins d’électeurs possible.

 

Le deuxième mandat échappe à cette règle puisqu’il ne peut pas y en avoir de troisième. La réforme du système de santé, connue sous le nom d’Obama Care, aura été la seule exception, puisqu’elle a été adoptée au cours du premier mandat. Et voici que contrairement à toute attente, Obama annonce conjointement avec Raul Castro la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis, ce qui mettrait fin à un embargo, ruineux pour les deux parties et vieux de 53 ans. À condition que le Congrès, désormais acquis aux républicains, l’accepte, ce qui est loin d’être acquis. Pour ce projet, comme pour d’autres, Obama compte sur une stratégie de ses adversaires voulant démontrer qu’ils ne sont pas des opposants systématiques et qu’ils sont prêts à prendre la relève le moment venu.

Sur cette belle lancée, je ferais bien un rêve, comme Martin Luther King en 1963. Après la réconciliation avec les Cubains, Obama pourrait tenter d’aider celle des Israéliens et des Palestiniens, en relançant un processus de paix dont on sait qu’il ne peut aboutir sans une action vigoureuse des USA. Sur le plan intérieur, il reste beaucoup à faire pour permettre aux communautés du pays, notamment les noirs et les hispaniques, de vivre en paix et en harmonie. À commencer par l’abolition de la peine de mort dans les états qui la pratiquent encore. On aurait ainsi pu éviter l’exécution en 1944 de ce jeune noir de 14 ans, probablement innocent du crime dont on l’accusait. Pour justifier son rapprochement avec Cuba, Obama a lancé un « nous sommes tous des Américains » en espagnol. Il serait temps que cette formule s’applique également à l’ensemble de ses concitoyens.