Le casse-tête des ZEP
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 18 décembre 2014 10:35
- Écrit par Claude Séné
Les zones d’éducation prioritaire vont être remplacées par des réseaux d’éducation prioritaire. L’annonce, formulée sans recul par des journalistes apparemment peu au fait des questions d’éducation, a de quoi surprendre. Tout d’abord parce que les ZEP ont officiellement disparu en 2006, enterrées par un rapport les accusant de ne pas avoir rempli les objectifs qui leur avaient été assignés. Ensuite, parce que le terme REP est employé depuis 1999, en compagnie il est vrai d’autres appellations plus ou moins absconses telles que APV, RAR, CLAIR ou même ECLAIR, sans compter les RRS et les trois niveaux de classification des établissements « sensibles » en EP1, EP2, EP3.
Malgré la complexité administrative, sur le terrain, les ZEP, ou leur équivalent ont quand même permis d’allouer quelques moyens supplémentaires auxquels les établissements, les enseignants et les parents sont très attachés. C’est pourquoi la refonte de la carte annoncée par la ministre, Najat Vallaud-Belkacem, a été scrutée à la loupe par les personnes concernées et les recalés du nouveau système se sont empressés de montrer leur mécontentement. C’est que le budget alloué à l’éducation prioritaire ne sera augmenté que de 350 millions et le jeu des modifications sera donc un jeu à somme nulle. Pour permettre aux quelque 200 nouveaux réseaux d’intégrer le système, il va falloir éliminer autant de perdants, sans qu’ils aient le sentiment d’avoir vu leur situation s’améliorer significativement pour justifier leur déclassement.
Car le paradoxe est là. Alors que les évaluations officielles ne concluent pas à l’efficacité du dispositif, il est plébiscité par ceux qui en bénéficient. À part quelques parents qui contournent la carte scolaire pour éviter la scolarisation de leur enfant au collège du secteur en raison de sa réputation, la plupart soulignent le rôle positif des ZEP. On peut faire le même constat que pour l’enseignement spécialisé. Les méthodes employées, la relation personnelle, un encadrement beaucoup plus proche de l’élève, sont des facteurs de réussite scolaire, dont les écoliers et collégiens « tout venant » gagneraient à bénéficier. Si l’ensemble de la communauté scolaire était régi par les principes de l’éducation spécialisée ou prioritaire, les établissements ne se battraient peut-être pas pour conserver le privilège douteux d’une classification qui signe quand même une singularité proche de l’exclusion sociale.