La Faute ou la fatalité
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 15 décembre 2014 10:38
- Écrit par Claude Séné
Le verdict du procès dans l’affaire de la tempête Xynthia à La Faute-sur-mer a surpris par sa sévérité. 4 ans de prison ferme pour le maire de la commune, 2 ans pour son adjointe à l’urbanisme et 18 mois pour le président de l’association de la digue Est. Tout l’enjeu de ce procès était de départager entre fatalité des catastrophes naturelles et négligence coupable des élus. Le tribunal a clairement tranché pour cette dernière hypothèse, allant même au-delà des réquisitions du ministère public.
Les motivations de l’arrêt sont accablantes pour les élus. Il leur est clairement reproché d’avoir fait passer le développement financier de la commune avant la sécurité de ses habitants, en négligeant volontairement les avertissements et les prescriptions qui leur avaient été faites, et d’être directement ou indirectement responsables du décès des 29 victimes de la tempête en février 2010. L’ancien maire de la Faute-sur-mer semble avoir dirigé sa commune comme son entreprise de transport, en s’appuyant sur des fidèles comme son adjointe à l’urbanisme, par ailleurs promoteur immobilier, et le fils de celle-ci, agent immobilier et président de l’association propriétaire de la digue submergée par Xynthia. On connait tous dans nos campagnes profondes des maires, petits hobereaux locaux qui décident seuls ou avec leur petite coterie, évitant comme la peste de faire participer les « pièces rapportées », ceux qui ne sont pas de la commune depuis au moins dix générations. Ils n’ont pas, heureusement, à gérer des situations aussi dramatiques que celle-ci, mais le drame de La Faute-sur-mer est aussi la faillite de la démocratie locale.
La défense de l’ancien maire a essayé de le présenter comme un homme simple, dépassé par la complexité de la situation, un symbole du dévouement de ces nombreux élus qui consacrent leur vie à leur commune sans en attendre la moindre gratification en retour. Quelques voix se sont fait entendre en ce sens, craignant une nouvelle crise des vocations pour gérer les petites communes avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Le jugement du tribunal est très clair à ce sujet : les morts de la tempête Xynthia ne sont pas dus à la fatalité, mais à l’inconscience des responsables qui étaient en charge de la sécurité et qui ont failli à leur tâche.