L’affiche bleue
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 12 décembre 2014 10:32
- Écrit par Claude Séné
On se souvient du poème d’Aragon à la mémoire des 23 membres du réseau Manouchian, exécutés par les nazis et dont les portraits et les noms figuraient sur une affiche de propagande placardée sur les murs de Paris en 1944, connue sous le nom de l’affiche rouge. En voyant l’organigramme de l’UMP à l’issue des tractations qui ont suivi l’élection de Sarkozy au poste de président, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il représente un banc d’infamie, comme l’étaient les résistants aux yeux de l’occupant.
En tout cas, je tire mon chapeau au graphiste qui a composé l’affiche et qui a dû refléter visuellement les nuances voulues par le chef. Oui, parce que dans un parti démocratique les dirigeants sont élus, mais à l’UMP, c’est le chef qui dispose et qui place ses protégés après qu’ils lui aient fait allégeance. Alors, tout en haut, bien sûr, le chef. Normal. Juste en dessous, à droite, évidemment, Laurent Wauquier, le nouveau secrétaire général, et à gauche, mais très légèrement au-dessus, Nathalie Kosciuszko Morizet, vice-présidente et officiellement numéro 2 du parti. Sur le côté droit, les conseillers politiques, Luc Châtel et Brice Hortefeux, sur le côté gauche, Jean-Pierre Raffarin au poste honorifique de président du Conseil national. Puis, en dessous, la place me manque pour détailler les secrétaires adjoints, nationaux, délégués, thématiques, fonctionnels, j’en passe et des moins bons… en tout 42 sous-fifres qui ont obtenu leur os à ronger. Bien entendu, la taille de la vignette sur le trombinoscope est proportionnelle à l’importance du personnage.
Plus révélateurs que ceux qui s’y trouvent, les habituels sicaires de l’ancien président, sont ceux qui manquent à l’appel. L’absente la plus remarquée, c’est Nadine Morano, qui a refusé un poste de secrétaire nationale qu’elle juge indigne de son talent. À quoi s’attendait-elle en appelant à voter Bruno Lemaire ? Ne savait-elle pas que le teigneux est rancunier ? Pas trace non plus de Rachida Dati, qui n’est plus en cour, ni de Rama Yade ou Chantal Jouanno passées à la concurrence. En revanche, je vous rassure, on retrouve encore en bonne place David Douillet ou Christian Estrosi dont la finesse des analyses politiques nous laisse toujours sans voix. Inutile de vous préciser qu’aucun des rivaux potentiels ou déclarés du chef ne vient défigurer le portrait de famille, et ce n’est que justice.