Trop, c’est trop

Parmi les 107 articles que comporte la loi Macron, c’est principalement la question du travail dominical qui focalise l’attention, à tort ou à raison. Probablement parce que c’est la disposition la plus symbolique, qui a fait dire à Martine Aubry qu’il s’agissait d’une véritable régression sociale. J’ai entendu deux journalistes différents, sur France-Inter et Canal Plus, expliquer que la loi proposait de passer la possibilité d’ouverture des commerces de 5 à 12 dimanches par mois. Là effectivement, il me semble qu’il y a un problème. L’application de cette mesure devrait sans doute attendre la semaine des quatre jeudis, ou les calendes grecques.

 

Plus sérieusement, le ministre de l’Économie s’est donné un mal de chien pour tenter de démontrer que cette loi était de gauche. Son principal argument : le travail du dimanche devra être l’objet d’une compensation, qu’il se garde bien de définir, préférant laisser la patate chaude aux « partenaires sociaux » dans des accords de branche. Quand on voit dans quel état est le dialogue social dans notre pays, on se doute que des accords ne sont pas près d’être trouvés, grâce notamment à un MEDEF plus intransigeant que jamais et qui n’a aucun frein à son appétit.

Quant au caractère « de gauche » de cette loi, on le cherche vainement. Je voudrais qu’Emmanuel Macron me démontre que cette ouverture du dimanche est fondamentalement différente du « travailler plus pour gagner plus » qu’avait promis Sarkozy. Le pire dans tout ça, c’est que les sacrifices éventuels des salariés d’une partie de leur temps libre ne garantissent en rien la reprise économique qui en est attendue. Ce n’est pas ce qui va donner du travail à ceux qui en manquent, puisque ce seront les mêmes employés qui travailleront davantage, et au contraire le risque est grand de voir des petites enseignes contraintes de mettre la clé sous la porte du fait de la concurrence de la grande distribution.

On a l’impression très nette que le nouveau ministre de l’Économie cherche avant tout à donner des gages au patronat et à la Commission européenne, dont ceux-ci ne semblent pas faire grand cas, et qu’il est en train de provoquer une scission à l’intérieur même de son camp qui pourrait l’amener à devoir édulcorer sérieusement sa doctrine et revoir sa copie.