Retenez-moi ou je fais un référendum !

Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron agite comme une menace l’idée de consulter les Français au moyen d’un référendum portant sur un ou des sujets importants, dans le but principal de démontrer à quel point il est soucieux de l’opinion des Français et faire la preuve de son respect absolu de la démocratie, en allant même au-delà de ses obligations constitutionnelles. C’est donc une idée qui resurgit régulièrement, mais qui n’a jamais abouti pour le moment, en grande partie parce que le Président de la République hésite sur le choix du sujet à soumettre aux Français. Il n’est que trop conscient que le référendum peut se transformer en plébiscite, pour ou contre sa personne.

Qu’à cela ne tienne ! son côté bravache devrait le pousser à assumer pleinement ce risque, et il ne m’étonnerait pas qu’à l’instar du général de Gaulle en 1969, il mette sa fin de mandat dans la balance en annonçant sa démission dans le cas où il serait battu. Ce qui ne devrait pas l’empêcher de mettre toutes les chances de son côté, et il a peut-être trouvé la martingale en posant non pas une, mais plusieurs questions simultanées, parmi lesquelles une proposition consensuelle, du type « que vous ne pouvez pas refuser » par exemple, au hasard, une dose de proportionnelle pour désigner les députés. Quant aux sujets qui fâchent, comme la question des retraites, celle des impôts, ou l’immigration qui intéressent au premier chef les Français, il suffira de les écarter purement et simplement. On l’aura compris, il s’agit pour Emmanuel Macron de noyer le poisson pour obtenir un vote d’adhésion à des questions formulées à cet effet, dont le contenu n’est pas le plus important.

Pour faire bon poids et mettre en scène la largeur d’esprit du président, son clan a prévu d’organiser une grand-messe mardi soir sur TF1. Il répondra aux questions d’invités triés sur le volet, choisis en fonction de thèmes précis tels que le social avec Sophie Binet de la CGT ou l’insécurité avec le maire de Béziers, Rober Ménard. Que peut-il sortir d’un tel débat ? Peu de choses à l’évidence. Les personnalités opposées au président pourront se targuer de lui avoir apporté la contradiction, tout en lui servant bien involontairement de faire-valoir. Emmanuel Macron s’enorgueillira d’avoir réponse à tout, sur le papier, mais pour quoi faire ? Comme on le disait dans certaines réunions destinées à changer le monde, il faudrait commencer par voter pour savoir si l’on doit voter, et, si oui, à main levée, ou à bulletin secret. Pas sûr que ces démarches byzantines réconcilient les Français avec la politique.