Emploi du temps

L’agenda d’un président des États-Unis est naturellement très chargé, au point que Donald Trump peut dire en toute bonne foi qu’il ne sait pas exactement où il sera jeudi prochain. Il s’est cependant déclaré ouvert à un déplacement possible à Istanbul, pour « parrainer » en quelque sorte les négociations proposées par Vladimir Poutine, non sans arrière-pensées, et acceptées, non sans malice, par Volodymyr Zelensky. La présence de Donald Trump, si elle était confirmée, serait un moyen de pression presque absolu sur le dirigeant russe, qui ne voudrait pas apparaître comme un obstacle à la paix et s’aliéner la bienveillance des États-Unis et de son sanguin président.

Donald Trump, qui vient d’atterrir en Arabie saoudite pour y rencontrer le prince héritier, Mohammed ben Salman, poursuivra sa visite d’état par les Émirats arabes unis et le Qatar. Des contrats mirifiques et très rentables sont prévus, et, à titre personnel, Donald Trump pourrait bénéficier du remplacement d’un Boeing présidentiel, un peu ancien, par un modèle plus récent, financé par le Qatar. Reste à trouver le montage financier pour accepter le cadeau en contournant la loi américaine. Le programme du président ne prévoit pas de détour pour se rendre en Israël, et ce n’est probablement pas un hasard. En effet, l’administration américaine vient d’obtenir la libération unilatérale d’un de ses ressortissants pris en otage le 7 octobre, ayant la double nationalité, américaine et israélienne, sans contrepartie connue, et notamment sans la moindre trêve des opérations militaires ou libération de prisonniers palestiniens. Cette opération, et l’absence de visite de « courtoisie » en Israël, paraissent signer un rafraîchissement des relations de Trump et de Netanyahou, qui suivent leur agenda personnel.

Donald Trump s’est également entendu avec les rebelles Houtis du Yémen pour un arrêt de leurs hostilités sans demander en retour la cessation des tirs de missiles sur Israël, qui se poursuivent de plus belle. Une autre pomme de discorde entre Trump et Netanyahou, ce sont les négociations bilatérales entre les États-Unis et l’Iran, qui seraient susceptibles d’aboutir, alors qu’Israël espère toujours un feu vert pour détruire les infrastructures qui permettraient à leur ennemi juré d’obtenir l’armement nucléaire opérationnel. Tout se passe comme si le président américain perdait petit à petit ses illusions de pouvoir imposer sa loi par sa seule présence. Il tente d’en rejeter la faute sur ses interlocuteurs, insuffisamment malléables à son goût, mais il est bien obligé de s’adapter aux exigences de la réalité, qui s’impose à lui comme aux autres dirigeants de la planète. Malgré ses manières brutales de faire valoir ses désirs, ses revirements incessants démontrent qu’il tient compte des règles du marché et qu’il se sert de la Bourse comme d’un indicateur de l’acceptabilité de sa politique. Souhaitons que ses intérêts coïncident avec ceux de la paix.