Va, je ne te hais point

Cette réplique de Chimène à Rodrigue, extraite de la pièce de théâtre le Cid de Pierre Corneille (acte III scène 4) est connue pour être un exemple d’une figure de style, la litote. Ce procédé consiste à dire peu pour faire entendre beaucoup. En réalité, Chimène est amoureuse de Rodrigue, mais les usages de la société de l’époque l’empêchent de lui dire directement la vérité, en déclarant sa flamme. De nos jours, un langage de ce type, fleuri de rhétorique, apparait comme l’apanage d’une classe sociale, généralement d’un certain âge, et doté de revenus plutôt confortables.

Violence scolaire

Si vous avez eu l’occasion de visionner la séquence, vous avez probablement été choqués par l’attitude de cette maîtresse de Petite section d’une école parisienne. En effet, on y voit l’enseignante porter un coup dans le dos à une fillette de trois ans avec suffisamment de force pour la faire tomber de sa chaise, alors que celle-ci hurle sans discontinuer depuis un temps indéterminé. La vidéo a été tournée par une mère d’élève, et diffusée par l’avocate des parents de la fillette, qui ont porté plainte. Au-delà de l’émotion légitime que cette vidéo, largement médiatisée, a suscitée dans le milieu scolaire, il me parait nécessaire d’essayer de comprendre ce qui s’est produit, et comment on a pu en arriver là.

Par qui le scandale arrive

On n’en finit plus de découvrir à quel point l’abbé Pierre, qui fut longtemps la personnalité préférée des Français et dont la renommée a traversé les frontières, était un personnage pour le moins ambivalent, dont la face cachée révélait une attitude abusive à l’égard des femmes, et parfois des enfants. Ces faits d’agression sexuelle avaient déjà été divulgués en nombre restreint, et il s’avère que les témoignages s’accumulent, au point qu’il devient impossible d’imaginer que la hiérarchie catholique n’en ait pas été informée. On s’achemine lentement mais sûrement vers la reconnaissance d’un secret de Polichinelle, comparable à celui qui entourait le comportement d’un Gérard Depardieu sur les plateaux de tournage.

Cadeau d’adieu

La nouvelle n’a guère fait plus qu’un entrefilet dans la presse, noyée dans les commentaires concernant la désignation du nouveau Premier ministre après des semaines d’atermoiements et de tergiversations du président de la République, voire de palinodies ou de procrastinations, occasion rêvée d’enrichir son vocabulaire. Bref, en signant ce décret, qui sera l’un des derniers du désormais ancien chef du gouvernement démissionnaire, Gabriel Attal parait faire acte de générosité en rendant son habilitation à l’association Anticor, ce qui lui permettra de se porter partie civile dans les affaires de corruption, comme autrefois, avant que le tribunal administratif la lui enlève en 2023.