Il ne s’interdit pas…

Il fallait savoir lire entre les lignes. Quand Michel Barnier déclarait qu’il ne s’interdisait pas une certaine justice fiscale, personne, pas même lui, ne semblait savoir ce que cette formule pouvait induire précisément. On imaginait que le gouvernement présenterait probablement des mesures symboliques pour taxer les particuliers ultrariches et les entreprises réalisant des superprofits, mais on ne s’attendait pas à ce que le Premier ministre cible les retraités pour leur faire supporter une part non négligeable du déficit public. La leçon la plus claire des orientations prévues pour le projet de loi de finances, c’est qu’il existerait en France deux castes privilégiées : les plus fortunés, qui gagnent plus de 500 000 euros par an et l’ensemble des retraités qui devront attendre 6 mois la revalorisation de leurs pensions.

Des frontières sûres et reconnues

Alors que le conflit au Proche-Orient est en passe de devenir de plus en plus régionalisé et menace de s’étendre géographiquement et de se radicaliser davantage chaque jour, il ne me semble pas inutile de rappeler que les protagonistes réclament au fond la même chose pour ce qui les concerne, sans pour autant être prêts à accorder la réciprocité à leurs adversaires. Ce droit, légitime, à vivre en paix sur un territoire ne souffrant pas de contestation de la part de ses voisins immédiats ou plus lointains, sert de justification à l’État d’Israël pour mener des actions dites préventives selon des modalités diverses.

Un bon croquis

Selon Napoléon Bonaparte, il vaudrait mieux qu’un long discours. Je serais tenté d’adopter cette citation et vous renvoyer au dessin de Chaunu après la déclaration de politique générale prononcée par le Premier ministre devant la représentation nationale, caricature dans laquelle on voit Michel Barnier pousser la chansonnette en parodiant Mylène Farmer avec une génération « désargentée ». Car c’est bien l’essence même de la situation que le chef du gouvernement provisoire prétend avoir « découvert » tout récemment à sa grande surprise. À sa décharge, l’équipe précédente, Emmanuel Macron en tête, semblait s’accommoder des dettes abyssales de la France sans que cela trouble son sommeil, et par contrecoup le nôtre.

Le peuple souverain

Avant même la prise de parole du Premier ministre devant la représentation nationale prévue cet après-midi pour présenter les orientations du gouvernement, le Premier ministre bis, ou qui se voit comme tel, Bruno Retailleau, a déjà préempté le discours de Michel Barnier, par des déclarations polémiques dont on espère qu’elles n’engagent que lui. La plus scandaleuse concerne la conception toute personnelle du ministre de l’Intérieur de l’état de droit, un des piliers de notre démocratie, qui serait grandement en danger si sa famille politique accédait au pouvoir, avec ou sans le Rassemblement national, dont il épouse visiblement les thèses sans le rejoindre explicitement.