Noblesse oblige

Les résultats du deuxième tour des élections présidentielles ont été connus dès 20 heures hier soir avec une bonne précision des instituts de sondage. Le président sortant a été réélu avec une avance conforme aux dernières enquêtes d’opinion, évitant ainsi la mauvaise surprise, peu probable, mais toujours possible. Cette victoire n’a pas soulevé l’enthousiasme, mais plutôt le soulagement des plus inquiets, y compris dans les chancelleries européennes, craignant les conséquences sur le fonctionnement des institutions. Quant au président, il a joué la carte de la modestie plus ou moins bien imitée, en déclarant que « ce vote l’obligeait pour les années à venir ».

Le quotidien ? C’est tous les jours !

C’est à peine une lapalissade, c’est plutôt la peinture de la vie qui attend le plus grand nombre tous les matins dès le réveil.

Cela concerne toutes les activités répétitives qui assurent notre survie : se lever, manger, boire, se laver, travailler, tenir la maison, s’occuper des enfants, lire, un peu se divertir, se coucher, et recommencer le lendemain. En 68, il y avait une formule célèbre pour ceux qui le subissaient à contrecœur : « métro, boulot, dodo ».

Et délivrez-nous du mal

Amen ! Si je prends à dessein une référence religieuse pour cette chronique, c’est pour souligner à quel point la condamnation de Deliveroo, l’entreprise de livraison de repas à domicile, pour « travail dissimulé », bien qu’importante en ce qu’elle constitue un précédent, risque de rester un vœu pieux. Deliveroo est ce que l’on appelle une plateforme, comme Uber, qui reste la référence absolue dans le domaine. Elle a recours à des livreurs, qu’elle considère comme « indépendants » et évite ainsi les charges sociales et fiscales que doit payer tout employeur, selon la législation en vigueur dans le pays où s’exerce l’activité économique.

Intérieur nuit

De la même façon qu’on a inventé le procédé dit de « nuit américaine » pour tourner en plein jour des scènes d’extérieur censées se dérouler la nuit, il faudra peut-être baptiser « nuit russe » la technique qui consiste à mettre en scène des petites saynètes à l’intérieur d’un bunker, destinées à l’édification des populations déjà entièrement acquises à la cause du dictateur qui les gouverne et désire leur approbation par-dessus le marché. C’est ainsi que Vladimir Poutine a reconstitué un dialogue qui a peut-être eu lieu précédemment avec son ministre de la défense, Sergueï Choïgou, pour se congratuler mutuellement et mettre en valeur le chef suprême, devant des millions de téléspectateurs captifs.