
Le casse-tête de l’électricité
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 5 octobre 2022 11:07
- Écrit par Claude Séné

Il suffit d’être touché par une panne d’électricité pour mesurer à quel point nous sommes devenus dépendants de cette énergie, indispensable au bon fonctionnement de la plupart de nos équipements, que ce soit pour l’usage domestique, l’usage industriel ou commercial. À l’échelle du consommateur ordinaire, même une simple coupure peut entraver complètement la vie quotidienne : portails, volets roulants, ordinateur, éclairage, appareils ménagers, etc. cessent de fonctionner, et la fée électricité se transforme en sorcière quand elle vient à manquer. Avec les premiers froids, la situation empire, car même les chauffages qui ne fonctionnent pas directement à l’électricité se retrouvent inutilisables sans courant.
La France aurait pu être relativement épargnée par l’augmentation massive des prix de l’énergie constatée en Europe, grâce à un parc de réacteurs nucléaires conséquent. Je ne reviendrai pas sur les problèmes de sécurité et de gestion des déchets radioactifs, mais force est de constater que faute d’une politique cohérente et à long terme, les gouvernements ont laissé péricliter la filière nucléaire sans la remplacer progressivement par d’autres énergies plus propres et renouvelables. Tant et si bien que la France est désormais obligée d’acheter de l’électricité aux pays voisins, au prix fort naturellement, au lieu de leur en vendre. Pire encore, l’opérateur historique, EDF, est contraint de céder à prix réduit à ses propres concurrents privés, des kilowatts achetés fort cher, au nom d’une concurrence supposée faire baisser les prix pour le consommateur. Et si ce n’était pas assez ubuesque, on apprend que des margoulins, il n’y a pas d’autre mot, spéculent sur les prix et revendent l’électricité acquise à bas prix en faisant un bénéfice substantiel sur le dos du contribuable français.
En effet, la gabegie permanente finit par engendrer des dettes colossales, que l’état français, c’est-à-dire nous, devra un jour ou l’autre rembourser. Pour tenter d’arrêter l’hémorragie, l’entreprise EDF pourrait être nationalisée. L’état envisage de racheter les 16 % d’actions qui lui manquent et veut nommer un PDG investi des pleins pouvoirs. Rien ne prouve que ce sera suffisant, car les décisions politiques ont chargé la barque d’EDF, qui a dû absorber les pertes. Ce que ne dit pas ou pas assez le gouvernement, c’est qu’il est en train de reporter le fardeau du prix de l’électricité sur les collectivités locales, qui voient leurs factures multipliées par trois, à charge pour elles d’endosser l’impopularité fiscale en augmentant les impôts locaux. La plupart d’entre elles ont déjà prévu des économies drastiques telles que baisser le chauffage dans les écoles, arrêter l’éclairage public le plus possible, rogner sur toutes les dépenses non indispensables comme les décorations de Noël, et j’en passe. Pendant ce temps, le président de la République peut jouer les généreux en supprimant démagogiquement la redevance audiovisuelle par exemple, alors que les vrais enjeux sont ailleurs.