Personnalisation

J’ai reçu hier, comme vous sans doute, le matériel électoral pour le scrutin législatif des 11 et 18 juin prochains, une occasion de faire le point localement sur des élections dont on parle assez peu, finalement. Comme je ne fais pas les marchés, je n’ai pas eu l’occasion de croiser les candidats, et seuls deux d’entre eux ont pris la peine, et dépensé les sous, pour me faire parvenir leur littérature avant cet envoi prévu par la loi. Dans cette circonscription détenue jusqu’ici par la droite, treize candidats briguent la succession du député sortant qui ne se représente pas.

C’est pratiquement la moyenne nationale qui est de 14 candidats. Tous les candidats jouent franc-jeu, sans entretenir d’ambiguïté sur leur appartenance politique, mis à part le candidat Les Républicains et UDI, qui se réclame d’une fumeuse « majorité pour la France », pouvant prêter à confusion. Je mettrai de côté une curiosité régionale qui veut que deux partis parrainent des candidats bretons, qui se présentent comme tels et défendent une vision très particulière de l’organisation de la société française, dans laquelle je ne me reconnais pas, tout en restant culturellement attaché à cette origine. Les candidats se répartissent, selon moi, en deux catégories : ceux qui se réfèrent à une étiquette, et ceux qui se rangent sous la bannière d’un leader. À ce jeu-là, c’est indéniablement Nicolas Dupont-Aignan qui apparait le plus clairement, puisque sa seule photo orne la profession de foi du candidat, suivi de près par Jean-Luc Mélenchon, photographié en couleur tandis que la candidate locale est en noir et blanc. Emmanuel Macron est mis en valeur aussi sur l’affiche d’En Marche, à égalité avec la candidate grâce à un habile photomontage. François Asselineau, quant à lui, est représenté au milieu de ses candidats, sans qu’aucune mention du nom du candidat local apparaisse, ce qui est quand même osé.

À l’inverse, les candidats du PS, d’Europe-écologie-les verts, du PCF, de Nouvelle donne et de Lutte Ouvrière se rangent sous leurs bannières respectives et mettent l’accent sur leurs programmes, en mentionnant parfois le soutien d’une personnalité nationale. Faisant exception à l’une et l’autre catégorie, la candidate du Front national apparait en majesté sur son affiche, avec une photo en format portrait pleine page, misant sur sa capacité de séduction espérée, et son nom plus gros que celui de Marine Le Pen mentionnée dans le bandeau. On voit par-là comment chaque formation politique entend capitaliser sur les résultats des présidentielles et personnaliser, ou non, les orientations nationales. Pour certains, on n’est pas très loin du culte de la personnalité, un moyen infaillible de se préparer à des déceptions. Un point positif cependant : la parité, puisque 7 femmes et 6 hommes brigueront les suffrages des électeurs.