Nouvelle cuisine

C’est la promesse du nouveau président. Les Français veulent du changement, ils vont en avoir. Comme il est dit dans « Le guépard », il faut tout changer pour que rien ne change. À cet égard, le récent épisode de l’annonce d’un décret du nouveau ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, est exemplaire. Parmi les mesures prévues, le retour possible à la semaine de 4 jours pour les communes qui le désirent. Bonne ou mauvaise réforme, la refonte de la semaine de travail mise en place laborieusement depuis 2013 devient facultative.

Ce qui est frappant, c’est que la décision arrive à l’issue d’une réunion du Conseil supérieur de l’éducation, dans laquelle une majorité s’était dessinée pour le maintien du système actuel de 4 jours et demi. Il se trouve que le CSE n’a qu’un avis consultatif, et que les positions de ses membres ne sont pas unanimes sur tous les sujets. Le ministre a donc beau jeu de démontrer sa grande ouverture d’esprit en demandant son avis à ce comité pour prendre ensuite les décisions sans en tenir le moindre compte. On peut faire le même genre de remarques à propos de la question du redoublement. Il ne faut pas manquer d’air, comme le ministre, pour présenter le redoublement comme un moyen de lutter contre l’échec scolaire. Voilà des décennies, que l’on sait que le redoublement est une réponse imparfaite à un constat d’échec et qu’il n’est que trop rarement conçu comme une opportunité de pouvoir rebondir intelligemment. En tout cas, question nouveauté, on a connu mieux.

J’ai bien peur que la méthode employée par Jean-Michel Blanquer soit la nouvelle règle de l’ère Macron : des consultations à tour de bras, pour finalement n’en faire qu’à sa tête en s’appuyant sur les divisions des partenaires sociaux. Dans le calendrier de la future loi travail enfin dévoilé, le gouvernement se gargarise de ses 48 réunions prévues avec les syndicats au cours de l’été. Sauf que, dans la réalité, chacune des 8 organisations ne sera reçue que deux fois sur un sujet précis. Là aussi, il s’agira d’écouter et non de négocier. On est loin d’une véritable concertation sociale, d’autant plus que les points importants sont déjà actés et qu’il ne restera que des miettes aux syndicats qui voudraient défendre les droits des salariés. C’est une parodie de consultation destinée à jeter de la poudre aux yeux, la fameuse poudre de perlimpinpin dont aime tant parler le nouveau président. Pour prendre une image médicale, le patient est reçu en consultation et ressort, Gros Jean comme devant, avec son ordonnance, rédigée à l’avance. Si la cuisine est nouvelle, la recette, elle, est très ancienne.

Commentaires  

#1 Jacotte massé 09-06-2017 11:15
on ne pouvait s'attendre à rien d'autre...
attendons la rentrée j'espère que ça va bouger un peu devant ce déni de démocratie
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