Les faits, rien que les faits.

Il est d’usage de séparer les faits du commentaire, c’est même le B a ba du journalisme. C’est pourtant beaucoup plus simple à dire qu’à faire. J’en prendrai aujourd’hui deux exemples tirés de notre actualité nationale. Je m’efforce de me tenir informé « en temps réel », comme on dit aujourd’hui et j’ai pu entendre et lire au long de la journée d’hier les informations qui filtraient de la réunion du conseil d’administration d’EDF qui devait examiner les conditions de la fermeture de la centrale de Fessenheim en application de la loi sur la transition énergétique.

J’ai donc été quelque peu surpris par la présentation qui en a été faite au journal télévisé de France 2 à 20 heures, dans laquelle on mettait en avant une reculade du gouvernement, suggérant que la centrale pourrait ne jamais fermer, compte tenu des conditions posées sur la mise en service de l’EPR de Flamanville. La rédaction de France 2 a donc suivi le point de vue des militants écologistes qui considèrent tout retard comme une défaite. Cependant, la ministre de l’Environnement se déclare satisfaite et les syndicats sont loin de crier victoire, eux qui voulaient conserver l’activité au moins pour 10 ans encore. Qui faut-il croire ? Chacun se fera son opinion, à condition de disposer des informations, dans leur diversité.

Autre dossier brulant dans l’actualité, celui des chantiers STX de construction navale de Saint-Nazaire. Les négociations avec l’italien Fincantieri achoppaient sur la délicate question de la majorité dans le capital et par voie de conséquence au conseil d’administration. Finalement, le repreneur ne possèdera que 45 à 49 % des actions, l’état français conservera ses 33 % et la DCNS, entreprise nationale rentrera à hauteur de 12 % dans le capital. C’est une fondation bancaire privée italienne qui détiendra le reste. De là à penser que les décisions risquent de se prendre entre Italiens, ne relève pas de la fiction. Là aussi, les syndicats restent prudents et vigilants sur les risques de restructuration et de licenciements liés à des « économies d’échelle », sans compter le danger à terme d’un transfert de technologie chez les concurrents chinois. Cette fois, la présentation se veut rassurante et épouse le point de vue gouvernemental qui se félicite de l’accord trouvé, tout en soulignant le droit de véto pendant 20 ans obtenu par l’état français pour éviter des décisions contraires à nos intérêts. Comme un symbole, STX pourrait retrouver son appellation historique de « Chantiers de l’Atlantique », mais seul l’avenir dira si le verre était à moitié vide ou à moitié plein.