Un quart d’heure pour convaincre

C’est le temps dont vont disposer les onze candidats à l’élection présidentielle au cours du débat qui se déroulera ce soir sur les antennes de BFM et de Cnews. Les prétendants auront à traiter trois thèmes : l’emploi, la sécurité et le modèle social, soit environ 5 minutes pour chaque sujet. Sans compter les « affaires » qui ne manqueront pas de s’inviter dans la discussion. Pour les favoris des sondages, il y aura d’autres occasions de faire connaitre leurs positions, mais pour les « petits candidats », ce sera le moment de vérité, celui où ils pourront s’exprimer devant une audience maximale.

Ce quart d’heure n’est pas sans rappeler celui que promettait Andy Wharol dans les années 60, qui prophétisait qu’à l’avenir, chacun aurait droit à ses quinze minutes de célébrité mondiale, faisant allusion à cette notoriété éphémère que la téléréalité a concrétisée, bien après la prédiction de l’artiste américain. De la même façon que la communication a tendance à se réduire à des messages de 140 signes, il faudra faire tenir tout un programme présidentiel de 5 années dans un gros quart d’heure, ce qui sera déjà en soi un petit exploit. Car un quart d’heure, si l’on y réfléchit bien, c’est le délai de grâce accordé partout avant de commencer une réunion ou un spectacle. À Nantes, on l’appelle improprement le quart d’heure nantais, mais je crois savoir que l’équivalent existe dans chaque village français. En 900 secondes, il faudra essayer de convaincre un maximum de Français de voter pour son programme. C’est très court, mais c’est aussi largement suffisant pour lâcher une boulette qui vous coule définitivement aux yeux du public.

L’exercice est d’autant plus délicat qu’il faudra se démarquer des autres concurrents et ne pas apparaitre comme effacé ou en retrait, sans prendre le moindre risque. Donc, être celui ou celle qui est le plus à l’aise en improvisant un discours soigneusement préparé. Si cela peut les consoler, ce sera également le temps dont disposera la délégation française pour plaider la cause de Paris pour les Jeux olympiques de 2024, lors de la réunion d’Aarhus au Danemark. Pour les perdants de chaque compétition, ce seront de fichus quarts d’heure, selon l’expression consacrée. Cependant, c’est après l’élection que l’on devrait assister au moment le plus important. Quelque chose comme le quart d’heure de Rabelais, cet instant si particulier où il s’agit de régler la note et où l’on sait que l’on a les poches vides. François Rabelais s’était tiré de ce mauvais pas en se faisant passer pour un empoisonneur régicide afin de se faire conduire manu militari à la cour de François premier. Ce sera sûrement plus difficile cette fois-ci.

Commentaires  

#1 poucette 04-04-2017 11:01
il aurait été plus juste que les "Petits candidats" aient une séance semblable aux grands.;;;qui ont eu les moyens de s'exprimer certains ont aussi des choses intéressantes à dire notre pseudo démocratie n'en est pas grandie
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