
Idéologie et bizness
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 31 juillet 2025 11:15
- Écrit par Claude Séné

En apparence, les décisions de l’administration de Donald Trump sont motivées par des considérations économiques rationnelles, mais de nombreux indices tendent à prouver que les choix idéologiques personnels du président prennent souvent le pas sur des éléments purement objectifs. Un des évènements récents me parait exemplaire de cette tendance et il nous concerne indirectement. En effet, les États-Unis, à la suite du démantèlement de l’agence américaine pour le développement international, l’USAID, ont décidé de détruire par incinération un stock de contraceptifs féminins conservés en Belgique. L’opération devrait être réalisée en France, provoquant une levée de boucliers devant ce gaspillage visiblement inspiré des thèses « pro-life » aux États-Unis.
On voit par ailleurs l’intrication entre le politique et l’économique dans les prises de position successives de Donald Trump, qui utilise les droits de douane comme une arme de destruction massive. Après avoir fixé un ultimatum à Poutine en le menaçant de taxes supplémentaires, il a déclaré sur son propre réseau social qu’une reconnaissance de la Palestine par le Canada rendrait la conclusion d’un accord commercial avec les États-Unis « très difficile ». Un mélange des genres qui illustre bien à quel point Donald Trump entend imposer ses vues géopolitiques en utilisant sa position de force commerciale vis-à-vis d’états qu’il considère comme vassaux, au point d’envisager leur annexion pure et simple, s’ils ne sont pas assez conciliants. Un sort peu enviable auquel les pays de l’Union européenne auront du mal à échapper, même si Emmanuel Macron tente de faire bonne figure en feignant de pouvoir traiter d’égal à égal avec Trump en prétendant que « la messe n’est pas dite », alors qu’il sait pertinemment comme Michel Audiard que « quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent ».
La France s’est d’ailleurs généreusement proposée pour offrir un asile aux chercheurs des universités américaines qui seraient licenciés pour leur incompatibilité avec les thèses officielles qui proscrivent la discrimination positive sous toutes ses formes et pourchassent les traces les plus infimes d’une culture « woke » ou d’effacement du passé. Une idée séduisante sur le papier, et qui flatte l’idée que nous pouvons encore jouer un rôle important dans ce domaine de la recherche. Malheureusement, tandis que la France cherche désespérément plusieurs dizaines de milliards pour boucler un budget introuvable, les salaires et les conditions de vie des chercheurs sur notre sol sont très loin des standards auxquels les Américains sont habitués. Notre générosité a donc toutes les chances de rester lettre morte, sauf peut-être pour quelques épicuriens plaçant notre mode de vie au-dessus des avantages matériels auxquels ils sont habitués.