Une chance pour la paix ?

Le Français Emmanuel Macron, l’Allemand Friedrich Merz, le Britannique Keir Starmer et le Polonais Donald Tusk se sont rendus à Kiev rencontrer le président Zelensky et tenir une visioconférence au sommet avec les dirigeants qui forment la coalition des « volontaires », une organisation des pays qui souhaitent soutenir l’Ukraine dans sa recherche d’un accord de paix. On ne peut que saluer cette initiative et reconnaître le courage physique de ces dirigeants dans une période où les tensions sont exacerbées par les commémorations de la victoire des alliés sur les nazis, où la sécurité doit-être un vrai casse-tête pour les services compétents.

Vladimir Poutine a d’ailleurs décrété un cessez-le-feu de trois jours, qu’il est le premier à ne pas respecter, pour célébrer tranquillement cet évènement et en a profité pour accuser sans preuve l’Ukraine de perpétuer le nazisme, pour justifier son invasion. L’Ukraine, de son côté, rappelle qu’elle est prête à un cessez-le-feu de 30 jours sans conditions préalables pour entamer des discussions et des pourparlers en vue d’une paix « juste et durable ». Une position soutenue désormais par Donald Trump, qui l’a reprise à son compte, ce qui pourrait tout changer, si le président américain s’y tient, car la route est encore longue. Poutine n’a pas accepté le protocole précédent, alors qu’il était très avantageux pour la Russie et lui concédait tout par avance, à commencer par la reconnaissance de sa souveraineté sur la Crimée. Macron semble compter sur de nouvelles sanctions économiques et financières pour faire plier la Russie, mais rien n’est moins sûr.

Vladimir Poutine est dur en affaires, probablement beaucoup plus que Donald Trump, qui n’a pas pour l’instant justifié sa réputation de spécialiste du « deal » hors du champ de l’immobilier. C’est Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, qui a peut-être révélé le talon d’Achille du pouvoir russe, en réclamant un arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine avant tout accord de trêve entre les belligérants. Jusqu’à présent, les États-Unis ont permis aux Ukrainiens de ne pas perdre la guerre, sans lui donner les moyens de la gagner. La ligne de front est presque gelée et la Russie ne progresse que très lentement. Un effort de guerre des Américains, couplé à une relance de l’armement venant de la communauté européenne, pourrait modifier le rapport de force sur le terrain, et persuader Poutine qu’il a intérêt à accepter une cessation des hostilités. Du côté ukrainien, la population est lasse d’une guerre interminable, les soldats sont épuisés, même s’ils se battent dos au mur, faute d’effectifs suffisants pour assurer le roulement nécessaire. C’est probablement le moment pour, au minimum, engager un processus qui sera long, très certainement.