
Qui perd gagne
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 9 avril 2025 10:57
- Écrit par Claude Séné

Il faut quand même une sacrée dose d’optimisme, comme semble le considérer le maire de Saint-Ouen, pour déclarer que « c’est la puissance publique qui gagne » après qu’une courte majorité de parents d’élèves ait décidé de déménager la maternelle dès le retour des vacances de printemps, à cause de la présence permanente de dealers de drogues dans le quartier et jusque dans la cour de récréation. Cette mesure conservatoire s’est imposée, bien que certains parents soutenaient d’attendre la rentrée de septembre, pour marquer leur détermination à ne pas se laisser faire.
Dans les deux cas, on reste ébahi par une situation de fait où la puissance publique se montre incapable de démanteler efficacement des points de deal parfaitement identifiés, ni d’assurer la tranquillité et l’intégrité physique des enfants et des habitants du quartier. Chacun sait que les différents acteurs du trafic se contentent de se déplacer, souvent de quelques mètres seulement, et que cela leur suffit pour échapper aux forces de l’ordre, en nombre notoirement insuffisant. Le maire PS de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, veut croire que quelques semaines permettront d’arrêter le trafic à 100 %. Quand bien même l’état mettrait des moyens conséquents sur ce quartier, il serait bien difficile de les maintenir en permanence. L’expérience montre que l’on ne fait généralement que déplacer le problème. Il y a bien loin des effets de manche et des gesticulations de ministres successifs pour annoncer de « nouvelles mesures » pour pacifier les quartiers concernés, et la vie quotidienne des habitants, parfois combatifs, parfois résignés. La plupart regrettent un temps qui n’a souvent existé que dans leurs souhaits, et notamment celui d’une police dite de proximité, issue du peuple et proche de leurs préoccupations.
La loi actuelle interdit d’ouvrir un débit de boisson à moins de 200 mètres d’un édifice tel qu’une église ou une école. Avec la prolifération du trafic, il faudra envisager de réglementer l’implantation d’une école à distance des points de deal : un monde à l’envers, reflet d’une certaine réalité. On a souvent été tenté de faire porter la responsabilité des violences constatées dans les quartiers difficiles sur une urbanisation au rabais due à une politique des grands ensembles. La solution évidente serait donc de remplacer une partie des bâtiments existants par des logements plus adaptés. C’est ainsi que dimanche dernier deux tours ont été détruites à Nîmes dans le quartier Pissevin, théâtre de règlements de comptes il y a peu. De tels évènements isolés sont sans commune mesure avec les besoins de la population, qui continue à devoir patienter sur des listes d’attente dans l’espoir d’obtenir un logement décent à un prix supportable.