
Dans la tête de Donald Trump
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 8 avril 2025 11:00
- Écrit par Claude Séné

C’est le titre, ambitieux, d’un livre d’Anne Toulouse, paru en 2016, juste avant l’accession du milliardaire à la Maison-Blanche, pour y exercer son premier mandat de Président des États-Unis. Vu de notre vieux continent, l’intérieur de la tête de Trump ressemble beaucoup à un foutoir dans lequel une vache ne retrouverait pas son petit. Un capharnaüm dans lequel seul son propriétaire serait capable de trouver son chemin, et encore ! Après un premier mandat dans lequel Donald Trump a surtout pris ses marques, il a montré très clairement une volonté d’aller vite en signant un décret par jour au minimum. Au point de désorienter ses propres partisans.
Lorsqu’il a annoncé des mesures protectionnistes massives en instituant des droits de douane sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis, au prétexte que la balance commerciale en défaveur de son pays était l’indice irréfutable d’un vol manifeste exercé par les autres états pour dépouiller le sien, il a pris soin de répéter sur tous les tons que sa décision était irrévocable et qu’il n’y reviendrait pas. J’ai donc été surpris d’entendre le représentant du parti trumpiste en France, Nicolas Conquer, expliquer benoîtement que les taux annoncés seraient une base de négociation. Donald Trump lui-même semble le confirmer en se félicitant des propositions de certains états pour amoindrir leur facture. Tout se passe comme si Trump avait prévu un taux plancher, en espérant obtenir plus, grâce au marchandage. Cela m’a rappelé la stratégie commerciale d’un semi-grossiste très connu dans la région nantaise, qui détenait un quasi-monopole des fournitures scolaires et qui accordait généreusement une ristourne de 10 % aux enseignants sur ses produits, préalablement gonflés d’une marge très confortable. Jusqu’à ce que les victimes consentantes réussissent à s’organiser pour concurrencer le mercanti au moyen de sociétés coopératives.
Toutes proportions gardées, c’est ce qu’il conviendrait de faire pour ne pas céder aux oukases et aux caprices du président Trump, qui va devoir faire face à la rébellion de la Chine, qui a un besoin vital de continuer à exporter pour écouler une production à faible valeur ajoutée. On en sait plus désormais sur la règle de calcul des économistes américains, basée sur le quotient des importations et des exportations, dont le résultat est divisé arbitrairement par 2, par pure gentillesse d’un dirigeant qui en manque totalement. Rien de surprenant dans ces conditions que Trump double allègrement le prix des produits chinois, et que Xi en fasse autant sur les produits américains. Reste à savoir si les conséquences de cette guerre commerciale sur la popularité du président américain ne finiront pas par l’obliger à réviser ses propres objectifs à la baisse, comme les Bourses du monde entier. Si la politique de la France ne se fait pas ou peu à la Corbeille, celle des États-Unis, pays de petits porteurs, oui.