Silence radio

La dernière otage française encore détenue dans le monde, l’humanitaire Sophie Pétronin, serait libre et en cours de rapatriement, d’abord à Bamako, où son fils s’est rendu hier pour la chercher, puis en France, où elle devrait être soignée après ces près de 4 années de détention, alors qu’elle est âgée de 75 ans et atteinte d’un cancer. Ces informations, il vous faudra une loupe dans la presse aujourd’hui pour en trouver la trace, car elles proviennent exclusivement de la famille. Pas un mot du Quai d’Orsay ou du gouvernement qui poursuivent une politique de black-out sur le sujet.

Officiellement, le silence observé par les autorités françaises était destiné à ne pas gêner les discussions menées en sous-main avec le groupe djihadiste qui détenait Sophie Pétronin depuis le 24 décembre 2016. Une théorie mise sérieusement en doute par la famille de l’humanitaire, qui a mené ses propres démarches et apparemment réussi à contacter les ravisseurs. Elle avait obtenu une plateforme d’accord à laquelle ne manquait plus que l’aval du gouvernement français dès 2018. L’obstination d’Emmanuel Macron qui refuse toute négociation avec les ravisseurs avait fait capoter le projet, provoquant la colère du fils de l’otage, jugeant que sa mère était sacrifiée et ne comprenant pas que la France ne fasse pas tout pour la sauver. L’abandon de la stratégie qui avait cours un temps consistant à alerter constamment l’opinion sur le sort des otages ne semble pourtant pas avoir fait la preuve de son efficacité, bien au contraire.

Il aura fallu un évènement extérieur pour que le président de la République se préoccupe à nouveau du sort de Sophie Pétronin. Le coup d’État militaire qui a déposé le président malien Ibrahim Boubakar Keïta et porté au pouvoir une junte d’officiers a changé la donne. C’est ce gouvernement provisoire de transition qui a libéré depuis le week-end dernier une centaine de combattants djihadistes sans contrepartie officielle, qui aurait permis de récupérer la Française ainsi qu’un homme politique de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, également kidnappé depuis le 25 mars 2020. Emmanuel Macron pourra dire qu’il n’a pas fait de concessions, en laissant son allié malien porter la responsabilité d’avoir relâché des islamistes potentiellement dangereux, sans se salir personnellement les mains. Une attitude de Ponce Pilate qui rappelle les polémiques de 2013 quand des otages français avaient été libérés moyennant une contribution secrète d’Areva et de Vinci par l’intermédiaire du Niger, alors que l’état français a comme doctrine de ne jamais payer de rançon. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts en attendant l’officialisation espérée de la libération de Sophie Pétronin. À moins qu’il ne faille attendre que l’agenda présidentiel libère un créneau entre deux cérémonies compassionnelles pour qu’Emmanuel Macron fasse une séquence lacrymale devant micros et caméras.