Peut-on être écolo ?

Quelle drôle de question ! Bien sûr que l’on peut. Et je dirais même que c’est dans l’air du temps en ce moment. Attendez, la phrase n’est pas terminée. Peut-on être écolo, et au gouvernement ? Ah ! ça ? Je dirais : faut voir. Le dernier avatar subi par Barbara Pompili tendrait plutôt à démontrer que c’est compliqué, pour ne pas dire impossible. La question des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles pourrait relever d’un syndrome pascalien : vérité en deçà du gouvernement, erreur au-delà.

En 2016, la députée Barbara Pompili n’avait pas de mots assez durs pour dénoncer l’emploi de ces pesticides reconnus comme néfastes à l’environnement parce que risquant de faire chuter dramatiquement le cheptel d’abeilles partout où il était utilisé. La France se montrait alors pionnière en en prohibant l’usage, sans dérogation possible, « porte ouverte à ce qu’ils ne soient jamais interdits ». Cette députée, la ministre Barbara Pompili changerait probablement de trottoir si elle la croisait dans la rue aujourd’hui, de peur d’être reconnue et d’avoir honte de ce qu’elle est devenue.

Je sais bien que selon Edgar Faure, ce n’est pas la girouette, mais le vent qui tourne, cependant, le virage à 180 degrés de Barbara Pompili, contrainte par sa hiérarchie de défendre ce qu’elle a toujours combattu, doit être dur à avaler. Au point de ne pas avoir le courage d’affronter ses anciens collègues de l’Assemblée nationale pour présenter le texte de la honte, qui sacrifie les abeilles sur l’autel des lobbies de l’industrie phytosanitaire. Le prétexte à cette volte-face c’est la soi-disant défense des betteraviers français, qui ne disposeraient d’aucune alternative à ce traitement et seraient donc victimes d’une concurrence déloyale des producteurs étrangers. Ils risquent d’autant moins de disposer d’autres solutions que la recherche est bloquée par les intérêts de ces grands groupes industriels, tels que Bayer, qui a racheté Monsanto.

Sur le papier, le poste de ministre de la Transition écologique figure en bonne place dans l’organigramme gouvernemental, puisqu’il occupe la 2e place, juste derrière le Premier ministre. En pratique, mis à part le rôle honorifique, il serait plutôt cantonné à être la 5e roue d’un carrosse brinquebalant, même lorsque c’est un poids lourd comme Nicolas Hulot, qui a fini par jeter l’éponge en constatant le peu d’efficacité de ses « petits pas ». La rotation accélérée dans la fonction témoigne du peu de considération dont jouit le ou la ministre chargée de ces dossiers. Comme le disait un certain Nicolas Sarkozy, quand il y a des impératifs économiques, l’écologie, ça commence à bien faire. Le président actuel n’a jamais eu la fibre écologique, et le léger verdissement dont il habille sa politique ne relève que de l’opportunisme électoraliste. Barbara Pompili tiendra-t-elle jusqu’en 2022 ? Les paris sont ouverts.