Ouverture à la carte

Ou à la tête du client ? On a plus que jamais l’impression que ce gouvernement est complètement dépassé par l’impossibilité de contenter à la fois le meunier, l’âne et son père. Après avoir édicté des règles sanitaires sévères concernant l’ouverture des cafés, bars et restaurants en fonction de critères objectifs définis, il s’est trouvé dans l’obligation de fermer ces établissements dans les zones de propagation intensive du virus, notamment à Marseille, soulevant une grogne sans précédent. Il faut dire que pratiquer la concertation après la prise de décision n’est sûrement pas la meilleure méthode pour apaiser les esprits.

Cette fois, la maladresse insigne du ministre de la Santé a dressé une bonne partie de la classe politique contre le gouvernement. Même les soutiens du pouvoir, s’ils défendaient le bien-fondé des mesures, reconnaissaient en privé que la méthode avait été désastreuse. Et voilà que le pouvoir allait se retrouver prisonnier de ses propres règles. Tout indiquait que l’on ne pourrait pas cacher très longtemps que Paris et les départements proches de la capitale allaient se retrouver de fait en zone d’alerte maximale. Il faudrait donc automatiquement fermer tous les établissements de bouche dans un contexte explosif. Le mécontentement des professionnels allait devenir insurmontable, et l’équilibre fragile qui tentait de se perpétuer entre précautions sanitaires et maintien d’une activité économique était gravement menacé, avec un risque de fronde mettant à mal l’acceptabilité de la politique décidée en haut lieu.

L’état a donc préféré plier plutôt que rompre, en changeant les règles du jeu au milieu de la partie. Les bars et débits de boisson devront donc fermer à Paris, comme dans les autres zones d’alerte maximale, mais les restaurants parisiens resteront ouverts, moyennant quelques ajustements purement cosmétiques, une mesure qui bénéficiera automatiquement aux établissements marseillais et autres fermés actuellement. C’est évidemment le soulagement pour les restaurateurs, mais rien ne prouve que le yoyo gouvernemental ne va pas refaire des siennes dès la semaine prochaine. Quant à l’efficacité sanitaire de mesures à la carte qui semblent décidées au doigt mouillé, il est permis d’être sceptique. En voulant adapter les décisions aux différends terrains et au niveau de circulation du virus, on est tombé dans une gestion au coup par coup, dont on ne perçoit plus très bien les orientations générales, et la population a l’impression d’être soumise aux aléas de la conjoncture. Pour le dire autrement, on n’est plus absolument certain qu’il y a un vrai pilote dans l’avion, en possession de tous ses certificats et brevets réglementaires. On est tenté de penser qu’on a remis les clés à un pilote du type de celui qui commandait le Costa Concordia quand il a coulé son bateau après avoir heurté un récif au large de la Toscane, et ce n’est pas très rassurant.

Commentaires  

#1 jacotte 86 05-10-2020 11:09
on dit qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son...nous on entend tellement de cloches qu'on entend plus rien de cohérent...quelle désolation!
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