
Objectif zéro mort
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 10 juillet 2020 10:15
- Écrit par Claude Séné

Désolé de plomber l’ambiance à la veille d’un week-end de vacances qui s’annonce ensoleillé, mais ma réflexion du jour porte sur la façon dont nos sociétés modernes considèrent la fin de la vie en fonction des circonstances. On a coutume de dire que la mort fait partie de la vie et l’on ne s’étonne plus de voir disparaitre autour de soi des personnes d’un certain âge, voire d’un âge certain. Il en va tout autrement quand la mort frappe des personnes jeunes, ou dans des circonstances particulières, engendrant un sentiment d’injustice plus fort qu’à l’ordinaire.
C’est ainsi que nous engageons des troupes en Afrique ou ailleurs pour défendre nos valeurs démocratiques, tout en espérant qu’au cours des combats, aucun soldat français n’y laissera sa peau, ce qui est évidemment peu probable. Devant l’épidémie de coronavirus, certains gouvernements ont fait le choix de faire « la part du feu » en sacrifiant ainsi des dizaines de milliers de vies. C’est le cas du Brésil ou des États-Unis qui ont pourtant tout fait pour limiter le nombre de soldats tués pendant la guerre du Vietnam, par exemple. Une partie de la population américaine a d’ailleurs adhéré à ce discours au nom d’un fatalisme souvent teinté de religieux, minimisant la pandémie en la ramenant à un pourcentage, jugé acceptable. Ce qui n’est pas la moindre des contradictions dans un pays qui défend la vie des fœtus tout en laissant se perpétrer des crimes racistes.
En France, dans l’actualité récente, j’ai relevé des exemples de la signification différente que peut prendre une mort. Elle peut être totalement ou partiellement accidentelle. Une femme fait une chute mortelle d’un manège forain. Simple accident ? Fatalité ? Prise de risque inconsidéré ? On apprend que le propriétaire du manège avait omis de faire contrôler son attraction après y avoir apporté des modifications importantes. Cette négligence transforme l’affaire en homicide par imprudence, sous réserve de l’enquête. Une jeune femme gendarme est heurtée par un véhicule qui force un barrage routier et meurt sur le coup. Le conducteur a admis avoir voulu se soustraire au contrôle parce qu’il cumulait les infractions : conduite sans permis, sous l’influence de substances prohibées, détention, usage et vente de ces produits, qui ont visiblement altéré son jugement. Cet homme en plus d’avoir ôté la vie à quelqu’un a également gâché la sienne, en se mettant dans un engrenage qui devait mal finir tôt ou tard. Enfin, le fait-divers le plus horrible, de mon point de vue : le meurtre de ce conducteur de bus, toujours en état de mort cérébrale à la suite de l’agression dont il a été victime. Le déchaînement de violence gratuite dont il a été l’objet me semble encore plus cruel qu’un crime de sang-froid perpétré à l’aide d’une arme, quelle qu’elle soit. Les agresseurs se sont acharnés longuement et en ciblant des zones létales. Il n’y a aucune excuse ou circonstance atténuante à de tels actes de barbarie.