Censure et morale
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 28 mai 2017 10:05
- Écrit par L'invitée du dimanche
Grave question que celle de savoir si la censure est parfois nécessaire pour protéger l’éthique et la morale, ou s’il faut la combattre comme une atteinte à la liberté d’expression, elle dont le rôle est de limiter cette dernière arbitrairement.
On en applique le principe depuis Rome, avec le censeur qui veillait au maintien des mœurs, elle a servi les différentes instances religieuses qui se donnaient le droit de veiller à ce que rien ne vienne amoindrir leur puissance. Utilisée par les monarchies pour protéger leur pouvoir absolu, abolie par décret en 1791, remise en service par Napoléon en 1810, elle disparaît à nouveau en 1880 avec la loi sur la liberté de la presse. Elle sera pourtant un outil pour le gouvernement de Vichy qui contraint la presse à respecter ses consignes.
Au-delà de la censure d’État, on s’aperçoit que par un phénomène d’autocensure, ils ne manquent pas les censeurs qui s’érigent en gardiens des bonnes mœurs ou du politiquement correct : organes de presse, programmateurs de radio, organisateurs de festivals, maire Front national, pour faire de la rétention d’informations ou interdire les expressions artistiques et politiques qu’ils estiment outrageantes. Par exemple, beaucoup de rédactions étaient au courant de l’existence de Mazarine, mais s’en interdisait la révélation ! Autres exemples, la RATP et la SNCF censurent sans arrêt les affiches publicitaires collées dans leurs espaces, outrepassant les avis de la commission de censure du cinéma, des spectacles et chansons (CNC). Cette dernière, crée en 1996, a repris le pouvoir donné par De Gaulle en 1958 à un ministre de l’information de déterminer la classification d’une œuvre cinématographique et c’est le ministre de la Culture qui donne l’autorisation d’exploitation. Les œuvres cinématographiques restent celles qui sont les plus censurées, suivies de près par les œuvres littéraires, les éditeurs appliquant leur propre censure ! Pour les médias, on a créé le CSA, garant du respect de nos valeurs républicaines et démocratiques, et qui au bout de ses procédures, renvoie les plaintes au procureur de la République et là, c’est la justice qui décide ! Les mœurs ayant évolué, la censure aussi : « le déserteur » ou « le gorille » passent sur les ondes, on peut lire « j’irai cracher sur vos tombes », mais l’appel au respect de la personne, de la morale et d’une certaine éthique, et la demande de la sauvegarde de l’ordre public, restent d’actualité pour priver les citoyens d’une partie des informations ou créations ! Que devient le droit à la pluralité de l’expression des courants de pensée, d’opinion, principe de toute démocratie ?
Y a-t-il une limite à l’expression artistique ou politique ? Faut-il laisser passer les théories négationnistes et les discours révisionnistes, sexistes, racistes et homophobes ? A-t-on le droit de tout dire ?
Doit-on rester « victimes » de tous les autos censeurs ? Pour leur échapper, et avoir accès à ce que l’on veut nous cacher, il reste heureusement quelques empêcheurs de tourner en rond, comme le Canard enchaîné, Mediapart… et aussi le Web, véhicule du meilleur comme du pire, dont le contrôle total restera toujours très difficile et que l’on ne peut pas encore nous interdire de consulter !
L’invitée du dimanche
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