La France du bout du monde
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 27 mars 2017 10:42
- Écrit par Claude Séné
Soyons honnêtes. Ce que je sais de la Guyane tiendrait sur un feuillet ou deux, bien qu’il s’agisse d’une collectivité française. Deux noms émergent symboliquement : Cayenne et le bagne qui lui était attaché, et Kourou, pour la base spatiale et ses fusées Ariane. Un vaste territoire occupé par la forêt amazonienne, dont seule la bande littorale est véritablement peuplée. Avec les autres territoires dits ultramarins, la Guyane est un vestige de l’empire colonial français, qui est supposé bénéficier des mêmes droits que la métropole, mais qui souffre en réalité d’un retard de développement, et dont le statut particulier peine à favoriser un niveau de vie comparable.
Le mécontentement plus ou moins latent est en train d’exploser en Guyane, où la grève générale vient d’être décrétée. En cause, le chômage et l’insécurité. La délinquance en Guyane est plus importante qu’à Marseille ou en Corse, beaucoup plus médiatisés, et se rapproche de celle de ses voisins brésiliens ou surinamais. Pour des raisons qui m’échappent, la ministre en charge de l’outremer, Ericka Bareigts, a décidé de ne pas se déplacer en personne pour tenter de régler le problème ou au moins engager le dialogue, mais s’est contentée de déléguer une mission de hauts fonctionnaires pour « préparer le terrain ». Un boulevard pour Marine Le Pen qui a aussitôt sauté sur l’occasion pour dénoncer l’incurie de l’état. Tous les candidats à l’élection présidentielle y sont allés eux aussi de leur petite surenchère, Nicolas Dupont-Aignan demandant au premier ministre de s’y rendre personnellement. Pourquoi pas ? et François Hollande ? je n’ai rien contre. Ça vaudrait aussi bien que d’inaugurer une nouvelle plaque commémorative pour parachever un quinquennat des occasions perdues.
Car cette campagne se caractérise par l’absence d’un candidat assumant l’héritage et défendant le mandat finissant. Tout le monde a donc beau jeu de stigmatiser l’inaction de l’état en Guyane, mais aussi dans tous les territoires déshérités de la France, y compris métropolitains. Tous ces discours revendicatifs auraient pu être tenus depuis longtemps, mais on ne les a guère entendus auparavant. Et si nous sommes tous guyanais comme le proclame Jean-Luc Mélenchon, ce n’est que de fraiche date, reconnaissons-le. Cependant la palme de l’opportunisme revient sans conteste au petit marquis de la Belle Affaire, qui a voulu récupérer à son profit la situation tendue en Guyane pour se poser en défenseur de l’ordre et en champion du dialogue social. Il n’a commis qu’une petite erreur, c’est de qualifier la Guyane d’ile, sous prétexte qu’il visitait alors celle de La Réunion. Après sa bévue sur les « expatriés » de Guadeloupe, cette bourde témoigne d’une méconnaissance inquiétante pour quelqu’un qui brigue la plus haute charge de l’état.
Commentaires
a entendre Dupont Aignan s ce matin seuls 3 candidats proposent une vraie rupture: Le Pen, Mélenchon et lui...si son analyse est bonne le choix va être facile, Jean Luc dit merci au monsieur!!