Un métier impossible
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 2 juin 2016 10:17
- Écrit par Claude Séné
On attribue à ce brave Sigmund Freud la boutade selon laquelle il y aurait trois métiers impossibles : gouverner, soigner et éduquer. Le premier, l’exercice du pouvoir, je n’ai pas besoin de vous faire un dessin, vous constatez par vous-mêmes l’étendue des dégâts. La santé, je crois en tant que patient que c’est effectivement un combat difficile dont on connait l’issue par avance. Éduquer, je peux témoigner que c’est compliqué, mais sans doute le plus passionnant. À ces trois professions, il faudrait ajouter par les temps qui courent celle de sélectionneur de l’équipe de France de football.
Et pourtant, le poste semble si facile que 60 millions de mes compatriotes ont un avis sur les choix qu’il devrait opérer pour mener notre équipe nationale à la victoire. Rarement sa tâche aura été si compliquée par des évènements liés à la santé ou à la vie personnelle des sélectionnables. La liste des joueurs forfaits pour raison de santé n’a cessé de s’allonger jusqu’au dépôt officiel de l’effectif retenu pour la compétition. On y ajoutera la suspension d’un joueur pour cause de suspicion de dopage, et la fameuse affaire de la sextape qui amènera la non-sélection de la victime pour cause de méforme et du complice présumé du chantage, sanctionné par la fédération.
Comme si ça ne suffisait pas, voilà qu’un revenant du football, reconverti dans le spectacle, mais est-ce si différent, Éric Cantona, accuse le sélectionneur de pratiquer une discrimination raciste à l’égard des joueurs maghrébins. Une critique reprise par Djamel Debouzze, que l’on a connu plus inspiré, et par Karim Benzema, déçu de ne pas participer à l’Euro. Alors, oui, le racisme est un fléau qui touche notre société comme celles de nombreux pays en Europe et dans le monde, mais il ne faut pas se tromper de cible. Certains joueurs ont été victimes d’injures, de gestes déplacés de la part de hooligans déguisés en supporters, notamment dans le stade de l’AS Rome, où des spectateurs lançaient des bananes sur un joueur noir en imitant des cris de singe. Des campagnes télévisées dénoncent régulièrement de tels comportements. On n’a jamais relevé le moindre propos ambigu de la part du sélectionneur ni aucun choix qui ne soit dicté par des raisons sportives, quoi qu’on puisse penser de leur validité. Il faut remonter aux années précédant la coupe du monde de 1998 pour retrouver un sélectionneur aussi contesté, et c’était Aimé Jacquet. On connait la suite, et l’on ne peut qu’espérer que Didier Deschamps connaisse le même destin.