D’un terrorisme l’autre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 19 mars 2016 10:32
- Écrit par Claude Séné
La traque de Salah Abdeslam, l’un des derniers terroristes impliqués dans les tueries du Bataclan, des terrasses de café et du Stade de France, qui ont fait 130 morts en novembre dernier, s’est donc terminée hier par son arrestation. Enfin, pourrait-on dire, tant la durée de la cavale faisait craindre qu’il n’ait fini par échapper définitivement aux policiers qui le cherchaient en rejoignant l’organisation dont il se réclamait en Syrie ou ailleurs. Mais, apparemment, Salah Abdeslam n’était pas prêt à mourir pour ses idées, ou alors de mort lente, comme le chantait Brassens.
Contrairement à ses complices, il n’avait aucune intention de mourir les armes à la main, le statut de martyre semble réservé à la piétaille. Cela tord aussi le cou aux thèses selon lesquelles la police préfère, comme dans le cas de Mohammed Merah, abattre les terroristes plutôt que de laisser ses faiblesses apparaitre dans un procès. Le verre à moitié plein, c’est précisément que Salah Abdeslam sera jugé, probablement en France, et c’est un soulagement pour les familles des victimes. Le verre à moitié vide c’est cette lenteur des services, surtout belges en l’occurrence, et les multiples erreurs qui ont empêché que les suspects soient arrêtés avant de commettre les attentats, ou immédiatement après.
Il ne faut cependant pas trop attendre d’un procès, même s’il est satisfaisant de savoir que l’enquête judiciaire va permettre de mieux connaître les méthodes, l’organisation, les filières djihadistes. Cela permettra peut-être de démanteler le réseau logistique de la région de Bruxelles qui servait de base arrière aux terroristes. Mais il est peu probable que Salah Abdeslam coopère avec les autorités. Il risque de se saisir d’un procès pour en faire une tribune au service de son idéologie et en profite pour insulter ses victimes. Nous en avons eu un exemple lors du procès d’Anders Breivik en 2012, quand le responsable de la mort de 77 personnes sur l’ile d’Utoya en Norvège avait défendu ses thèses délirantes en se réclamant d’un nationalisme identitaire. Condamné à 21 ans de prison, peine maximale en Norvège, Anders Breivik se paye aujourd’hui le luxe de poursuivre l’état pour des conditions de détention soi-disant inhumaines et attentatoires à sa vie privée. Il se réclame à présent du national-socialisme et s’est présenté à la cour en effectuant le salut nazi. La justice norvégienne a décidé de ne pas filmer les débats, une position qui pourrait inspirer la justice française le moment venu, tant les pires ennemis de la démocratie savent utiliser les droits qu’elle leur confère.