L’assiette au beurre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 9 mars 2016 10:41
- Écrit par Claude Séné
L’assiette anglaise a été une des premières émissions de télévision basées sur un concept de bande. Autour de Bernard Rapp qui avait été un présentateur apprécié du journal télévisé sur Antenne 2, une équipe de chroniqueurs revenait sur l’actualité de la semaine, dans une ambiance décontractée dans laquelle les participants étaient visiblement respectés. Le concept a depuis été décliné comme on dit, ou plutôt il a décliné jusqu’au caniveau et le fond du fond semble avoir été atteint par l’émission de D8 « Touche pas à mon poste » présenté par la nouvelle star des cours de récré, le roi de l’humour potache et des blagues à deux balles, Cyril Hanouna.
En l’occurrence, l’émission devrait désormais s’appeler « touche pas à mon pognon » si j’en juge par la virulence des réactions de l’animateur à un article paru dans un quinzomadaire qui a eu le mauvais goût de contester ses méthodes de management apparemment autoritaires pour ne pas dire despotiques. Je m’explique. Depuis quelques semaines, Cyril Hanouna ne cesse de s’extasier sur les chiffres de l’audience de son émission, qui l’intéressent visiblement beaucoup plus que la qualité des séquences, cruellement pauvres en contenu et qui consistent souvent à humilier tel ou tel de ses chroniqueurs, victimes volontaires qui ont bien compris de quel côté la tartine était beurrée.
Pour donner une idée du niveau, sachez que l’un d’entre eux a subi en direct l’expérience du « nouillegate », un bol de pâtes alimentaires déversé dans le caleçon pour illustrer l’expression « avoir le cul bordé de nouilles » (excusez la vulgarité) tandis qu’un autre avait eu droit à un étron dans la chaussure en 2014 avant de se décider hier à « prendre du recul » avec l’émission, on se demande bien pourquoi. L’étincelle qui a mis le feu aux poudres est ce témoignage anonyme publié par Society, dans lequel un chroniqueur historique de l’émission se laisse aller aux confidences et à parler du jour peu glorieux du patron. Du coup, les 14 chroniqueurs, parmi lesquels se trouve forcément le coupable, ont été sommés de dresser à l’antenne le portrait hagiographique de leur employeur et maître. Ils en ont tellement rajouté que Kim Jung Un a dû en verdir de jalousie et qu’ils en ont perdu toute crédibilité. On se dit que la paye doit être conséquente pour qu’un seul chroniqueur ait décidé de quitter le navire, et encore sans expliquer ses véritables raisons. Décidément, les lucarnes de la télé poubelle sont de plus en plus étranges.