Sale temps
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 23 février 2016 10:17
- Écrit par Claude Séné
Sale temps pour les thermomètres. Alors que la fièvre n’en finit pas de monter à Calais, le gouvernement a décidé de démontrer son impuissance en décrétant l’évacuation de la zone sud de la jungle, dans une tentative désespérée de camoufler le problème à défaut de pouvoir le résoudre. Les associations qui tentent de venir en aide aux migrants auront beau expliquer que ce type d’initiative a un effet contraire à celui qui est affiché en dispersant les bénéficiaires de leur action, rien n’y fait. Les pouvoirs publics continuent d’être sourds et aveugles en proposant des solutions inefficientes.
Cette attitude de Tartuffe trouve ses limites quand la communauté internationale, en la personne de l’acteur anglais Jude Law, vient nous mettre le nez dans notre boue, pour rester poli, en chaussant les bottes en caoutchouc, en venant visiter la misère du monde et en jetant un coup de projecteur sur des conditions d’accueil indignes d’une grande nation civilisée. Cela ne plait pas au nouveau président de la région, Xavier Bertrand, qui le traite de donneur de leçon. Et pourquoi pas ? Depuis le temps que l’abcès de fixation est à nos portes, tout ce que les gouvernements successifs, dont il a fait partie, ont trouvé à faire c’est de déplacer le problème, un peu comme on a éloigné la prostitution du centre-ville. Cachez ces réfugiés que je ne saurais voir. Et si Jude Law attire les caméras et les micros, même s’il n’accueille pas de réfugiés chez lui, il aura fait une partie du travail.
Et que propose Xavier Bertrand, à part de répartir les migrants sur le territoire national en les éloignant de son regard ? Il semble fonder de grands espoirs sur le succès du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, qui aurait pour effet de déplacer la frontière de Calais à Douvres en laissant les Britanniques se débrouiller avec l’encombrant bébé. On les connait les solutions des conservateurs, de droite comme ceux qui se croient de gauche : on accueille a minima, les « bons » migrants, ceux qui ont échappé à la répression de régimes autoritaires, et qui demandent l’asile politique. Ceux-là sont une goutte d’eau dans la mer, la grande majorité préférant des pays plus attirants, comme l’Angleterre. Quant aux autres, que l’on qualifie de migrants « économiques » pour mieux les disqualifier, qu’ils rentrent chez eux, s’ils en ont un, ou qu’ils aillent au diable, s’ils survivent au voyage retour. Chacun chez soi, et les vaches de Monsieur Bertrand seront bien gardées.