Gavé !

Je l’avoue, la venue de Pamela Anderson à l’Assemblée nationale aurait eu tendance à passer pour un non-évènement en ce qui me concerne. C’est dire si j’ai été surpris par la déferlante médiatique qui a accompagné sa présence à la conférence de presse de Laurence Abeille, la députée écologiste qui présente une proposition de loi visant à interdire le gavage des canards et des oies. Non seulement la cohue qui a entouré son apparition a par moment tourné à l’émeute, mais aujourd’hui encore les commentaires sur sa prestation ont déchainé des passions, bien disproportionnées avec leur objet.

Les attaques dont elle a fait l’objet de la part de certains députés Les républicains ainsi que du mouvement Chasse pêche nature et traditions ne suffisent pas à me faire automatiquement le défenseur de sa cause. Je ne doute pas de sa sincérité et je n’imagine pas une seconde que l’actrice américano-canadienne veuille utiliser ce combat pour relancer une carrière qui s’est pratiquement terminée avec le siècle dernier. Pour autant, je n’adhère pas forcément à son projet. Pour prendre une comparaison, des règles ont été établies pour l’abattage des animaux et l’on peut demander leur application stricte pour éviter une cruauté inutile sans pour autant proscrire toute alimentation animale.

Les similitudes avec Brigitte Bardot sautent aux yeux. L’ancienne actrice française a depuis longtemps choisi la défense des animaux plutôt que celle des humains les plus défavorisés. Vous me direz que l’un n’empêche pas l’autre, et pourtant… Les défenseurs des animaux sont souvent aveuglés par un mythe de paradis perdu où les humains vivaient en bonne intelligence avec les espèces animales en oubliant que s’ils ont pu survivre c’est en compensant leur faible force physique par une capacité d’adaptation supérieure. La nature panthéiste dont ils rêvent n’est en réalité qu’une chaine alimentaire, au sommet de laquelle l’homme a su se hisser en devenant le premier prédateur. Il lui incombe à présent de surmonter sa sauvagerie en organisant les sociétés qu’il a formées sur des principes de civilisation et au premier chef en faveur des plus faibles. C’est cet objectif qui me parait prioritaire, plutôt que celui de la préservation des espèces les plus dangereuses, comme les loups ou les ours. Heureusement que l’évolution nous a épargné la survivance des dinosaures : nous aurions été obligés de leur aménager des espaces protégés dans quelque parc jurassique. Un bon sujet de film, tiens.